Droit à l’IVG : « 343 salopes » en colère surmultipliée

Vous vous rappelez, avril 1971, le manifeste des « 343 salopes », pour avoir enfin droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ? Ce texte rédigé par Simone de Beauvoir et cosigné par toute une flopée de houris survoltées qui déclaraient s’être fait avorter sans attendre cette punaise de loi ?

Vous pensiez qu’elles avaient eu gain de cause, n’est-ce pas ? Que c’était une affaire réglée et entendue ? Eh ben non, figurez-vous, les voilà qui reprennent casaque et brandissent l’étendard de la révolte.

Colère puissance 343

En surmultiplié. Simultanément avec le nouveau manifeste de 343 féministes paru dans Libération du 2 avril, un autre groupe de femmes exaspérées y allait lui aussi de son appel indigné. Celles-là s’étaient promis le 2 avril d’atteindre les 343 signatures avant le 5 avril.

Pari pulvérisé malgré un bien moindre soutien médiatique : plus de 800 signatures en moins de temps qu’il faut pour le dire. C’est dire si la colère gronde et se répand comme traînée de poudre.

« Nous réclamons des moyens pour que le droit à l’IVG soit enfin respecté. Nous réclamons son accès inconditionnel et gratuit mais également la liberté de faire ce que nous voulons de notre corps sans que l’on nous dise comment nous devons nous sentir. »

Aux mêmes maux les mêmes remèdes… et les mêmes mots ! L’histoire, décidément, est une pénible répétition, surtout quand ceux qui ont la prétention de la conduire accusent un sacré coup de mou. Dans ces cas-là, les défaillances financières et matérielles s’accompagnent toujours, comme si cela ne suffisait pas, d’une sévère régression morale.

Le jour où les hommes…

Non seulement, il n’y a plus un radis vaillant pour les hôpitaux qui partent en quenouille de toute part, avec un personnel raréfié au bord de la crise de nerfs, des mandarins fantomatiques qui passent plus de temps dans les dorures de leurs cabinets privés qu’au service public de la plèbe, mais en plus voilà qu’on se croit à nouveau obligés de culpabiliser les « malades ».

Sauf que bien sûr, celles-là, avec leurs ventres, ne l’entendent pas de cette oreille. Des « malades », elles ? Même pas mentales !

« Avorter est notre droit, avorter est notre décision. Cette décision doit être respectée : nous ne sommes pas des idiotes ou des inconséquentes. Nous n’avons pas à nous sentir coupables, honteuses ou forcément malheureuses. »

Celle qui m’a contacté pour m’informer de leur mouvement a cru bon de me dire que cette pétition ne faisait pas appel à la signature des hommes. Je trouve qu’elle a tort. Le jour où les hommes commenceront eux aussi à parapher leurs appels, c’est qu’elles auront déjà (presque) partie gagnée. Enfin non, REgagnée !

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