Pandémie : la révolte en France s’étend à toutes les couches sociales

Un an après avoir été lancé par les Gilets jaunes, le vent de révolte qui balaie la France, non seulement ne retombe pas, mais est en train de s’étendre comme une pandémie à toutes les couches de la société.

Des mouvements massifs de protestation frappent déjà les urgences des hôpitaux depuis des mois. Les pompiers s’étaient manifestés avec vigueur le 15 octobre dernier. Les policiers, oui même les policiers ont exprimé leur colère le 2 octobre à Paris.

Sans attendre la date officielle du 5 décembre, les agriculteurs de la FNSEA sont “montés” à Paris avec leurs tracteurs pour bloquer la capitale l’espace d’un mercredi (27 novembre). Les pompiers, toujours aussi fâchés, viennent d’annoncer leur intention d’occuper la place parisienne de la République jusqu’au 5 décembre. Ce matin, des patrons d’entreprises de bâtiment bloquent les dépôts pétroliers de Lorient et de Brest [photo]...

Ce à quoi nous assistons à travers toutes ces manifestations éclatées, touchant peu à peu toutes les catégories sociales du pays, c’est à la désintégration du système en place dans notre société. Et c’est l’accumulation de toutes ces manifestations de colère, quel que soit ce qui sous-tend chacune d’entre elles en particulier, qui va provoquer la chute du régime et par voie de conséquence l’effondrement du système.

Le pouvoir est désormais impuissant à enrayer l’effondrement du système

Mes amis militants (de gauche), prompts à distinguer les bons manifestants des mauvais, stigmatisent  les intentions troubles de certaines protestations, trop corporatistes à leurs yeux. Ils dénoncent avec force cet éparpillement des luttes. Ils ont tort à mon sens. Une guerre ne se mène pas comme la réunion d’une cellule de militants encartés. Lors d’une guerre, on ne demande de certificat de bonne conduite ou d’intentions louables à ceux qui, d’une façon ou d’une autre, même pour de mauvaises raisons, combattent à votre côté.

Je comprends (et partage) les réserves exprimées par certains contre des syndicats comme ceux des policiers ou de la FNSEA. Bien sûr que ceux-là ne partagent pas les mêmes préoccupations que les Gilets jaunes. Bien sûr que les directions de ces organisations veillent à mettre rapidement un terme aux mouvements partis de leur base pour tenter de négocier dans leur coin.

Mais en attendant, même momentanément, ils ont participé au détricotage du régime. Ils ont montré à quel point les autorités étaient impuissantes à enrayer leur descente aux enfers. La peur des tenants de ce système, que ce soit dans la sphère politique, médiatique ou intellectuelle, se mesure à leur fébrilité grandissante, mais aussi à leurs signes manifestes d’impuissance. Ils ne sont même plus capables d’enrayer la progression de la colère dans les rangs de leurs propres troupes.

La réorganisation du pays, et les négociations entre citoyens qui y participeront, ne peuvent venir qu’après l’effondrement total du système pourri et la neutralisation totale de ses responsables. En attendant, tout ce qui concourt à cette opération de démolition est à prendre en considération.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.