MÉTASTASES SUR L’EUROPE

 »« Ça va plus vite que prévu. » » Tels sont les mots lâchés par Paul Jorion dans son dernier [Temps qu’il fait|http://www.pauljorion.com/blog/?p=7604] à propos des nouvelles métastases de crise apparues en Grèce, au Portugal, en Espagne. Le mal désormais ronge dangereusement l’Europe et la zone euro.

Nous avions ici même tenté d’analyser les successives phases de l’irréversible effondrement en cours. Et en particulier [la phase III sur la défaillance des puissances publiques|/index.php?post/CRISE-PHASE-3]. Nous y voilà en plein ! __Un scénario totalement prévisible… et imprévu__ Les signaux d’alarmes (Islande, Dubaï..) étaient-ils si marginaux ou si lointains pour que les gens de pouvoir continuent comme si de rien n’était de plastronner sur des signes de fin de crise et de reprise totalement illusoires ? Après avoir lâché des milliards de milliards pour sauver un système financier exsangue, s’être échinées à colmater les brèches d’une économie réelle à la dérive à grands coups de plans de relance stériles, faut-il s’étonner de voir les « puissances » publiques vaciller sous le poids de leurs dettes abyssales ? Maintenant que ces idiots ont grillé sans compter leurs principales cartes, quelles sont celles qui leur restent à tirer de leurs manches pour sortir du bourbier où ils s’enfoncent ? Vont-ils couper les branches pourries ? Mais alors ce serait précipiter l’éclatement de la zone euro et un séisme mondial aux conséquences incalculables. Les branches les moins atteintes (« saines » seraient un bien grand mot ! ) comme l’Allemagne ou la France vont-elles finalement voler au secours des malades ? Mais avec quoi ? Quelles poudres de perlimpinpin miraculeuses ? Quelles dettes publiques supplémentaires ? Coincés ! __Des Diafoirus grotesques dépassés par les évènements__ Face à ces enchaînements catastrophiques, quel remède de cheval ? Quelle potion magique ? Depuis maintenant plus de deux ans que cette crise a éclaté, RIEN ! Aucun diagnostic un tant soit peu lucide. Aucune décision d’envergure. Aucune correction de trajectoire d’avenir. Justes des saignées financières et sociales à la pelle, des formules ampoulées et creuses pour masquer leur impuissance, des augures hilarantes (rappelez-vous, ces fameux et ténébreux fonds souverains qui devaient sauver notre pauvre monde). Récemment réunis à Davos, nos grotesques Diafoirus ont continué à s’agiter en toute inutilité, clamant que le capitalisme n’avait pas d’alternative, que le malade était plus imaginaire qu’il n’y paraît, que le moribond était un tout petit peu moins moribond que prévu. __Une agonie désormais irréversible__ Pas besoin d’être grand clerc ni de se perdre dans leurs logorrhées d’initiés déconfits pour comprendre et éclairer ce qui va désormais advenir. Les métastases vont inexorablement poursuivre leurs œuvres de destruction, faire imploser à terme la zone euro. Et progresser sans pitié vers d’autres corps souffrants : la Grande-Bretagne et jusqu’au cœur même de l’empire : les États-Unis d’Amérique et leur zone dollar, si mal en point eux aussi. Le mal est désormais bien trop avancé pour pouvoir être enrayé. La tête (nos Diafoirus) trop déjantée pour réagir. Mais aussi trop solidement enracinée pour être amendée, corrigée, remplacée. Nous sommes dans le cul-de-sac d’une agonie irréversible.Tout ce que nous pouvons espérer désormais, c’est que cette agonie ne se prolonge pas trop, que la bête meurt au plus vite. Les souffrances ? Nous n’y échapperons plus. Autant souhaiter les abréger dans la durée. Quant à nous, quelle attitude ? Nous abandonner à [l’angélisme d’un Yunus|http://www.rue89.com/mon-oeil/2010/02/04/dans-libe-le-nobel-yunus-rejoue-vive-la-crise-trente-ans-apres-136876], prix Nobel de la paix, qui trouve quelques vertus à la crise qui nous ronge ? Céder au fatalisme finalement assez confortable d’un [Žižek|http://fr.wikipedia.org/wiki/Slavoj_%C5%BDi%C5%BEek], « philosophe radical », pour qui toute lutte est vaine face à l’idéologie dominante ? Ou alors, essayer peut-être de continuer à préparer, avec modestie et sans nous préoccuper d’aléas météorologiques qui nous échappent totalement, les jardins hospitaliers de demain. Pour après la tourmente. Sur leurs ruines. (Oui, oui, je sais, il en faut, de la constance !)

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.