“La grande démission” : le capitalisme se vide aussi de l’intérieur

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"Je démissionne !"

Qui, dans son quartier, dans son bourg, sur son lieu de vacances, n’a pas entendu tel ou tel commerçant se plaindre d’un manque pénalisant de personnel, au point même de devoir fermer boutique pour certains ? Qui n’a jamais entendu tel et ou tel ministre vociférer à propos des emplois laissés vacants malgré le chômage ?

J’avais souvent émis l’hypothèse sur le yetiblog que l’effondrement du système capitaliste se traduirait – et serait même précipité – par une désertion des acteurs les plus précarisés de ce système et par une réorganisation parallèle de leur vie quotidienne, étant entendu que personne ne se laissait jamais mourir de faim devant des champs pleins de blé ou de patates.

Et puis je suis tombé sur cet article paru sur le webmagazine LundiMatin : Le Covid et la “grande démission”. L’article commence ainsi :

« Depuis quelques mois, un étonnant phénomène social accompagne l’épidémie de Covid 19 aux États-Unis. Des centaines de milliers de salariés quittent leurs emplois, le chiffre dépassait, en avril 2021, les quatre millions et continue depuis d’augmenter à un rythme soutenu. On appelle désormais le phénomène : “La grande démission”. »

Le pire pour un système dominant, c’est quand les gens constatent qu’ils peuvent s’en passer

L’hypothèse que j’avais émise est largement confirmée par le journaliste Charles Reeve : non seulement, le capitalisme ne fait plus rêver, mais il fait carrément fuir, Covid aidant. Et le fait que ce phénomène se concrétise et s’amplifie aux États-Unis, pays où les protections sociales des sans-emploi sont réduites à peau de chagrin, en dit long sur le niveau de détestation de ce système, en lequel les fuyards ne croient plus.

Si pour l’heure, le phénomène de “la grande démission” est « une addition multiple, massive, d’attitudes individuelles, liées les unes aux autres, engendrées par une situation commune », la crainte que ces attitudes de refus se soudent en un mouvement collectif de grande ampleur commence à se faire sentir dans les hautes sphères du capitalisme.

« Un ressort s’est cassé, jusqu’à quel point ? » [Le Monde, 26 août 2021]

Si les médias de propagande cherchent encore à se rassurer sur l’issue de ce troublant phénomène – le capitalisme est un système indépassable, n’est-ce pas ? –, le grand danger couru par la machine malade est précisément qu’elle soit devenue irréparable. À l’image de ces gouvernants évidemment infoutus de relancer leur économie malmenée par la crise sanitaire. Et lorsqu’un malade commence à se vider de l’intérieur de ses propres forces vides, que celles-ci constatent qu’elles peuvent parfaitement vivre en s’en passant, dîtes-vous bien que l’heure du dénouement fatal approche à grands pas pour la machine moribonde.


=> Lire : Le Covid et la “grande démission”, LundiMatin

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