Juan Branco : « On est dirigé par des zombies, des morts-vivants »

Juan Branco est sans doute aujourd’hui la personne la plus à même, la plus efficace et la plus redoutable, pour décrire le phénomène de dislocation de la société française, ainsi sans doute que les prémisses d’une lueur de solution au bout du tunnel.

Dans la vidéo qui suit – une interview menée par Denis Robert pour Le Média – Juan Branco décrit en condensé tout ce que le yetiblog s’efforce de chroniquer depuis novembre 2005 : la lente, mais irréversible désintégration du système occidental capitaliste mondialisé. Car Juan Branco en convient aussi : le phénomène de dislocation de la société française est indissociable de la désintégration du capitalisme à l’échelle mondiale. Du fiasco moyen-oriental, à la tragédie des migrants – dont nos sociétés « modernisées » portent l’écrasante culpabilité – jusqu’à l’acharnement aussi puéril que méchant contre un Julian Assange après que celui-ci ait accompli son œuvre subversive en révélant les dessous sordides de la tête impériale, tout est indissociablement lié.

Cette lente (trop lente) descente aux enfers du capitalisme connaît cependant une accélération qui laisse entrevoir ce moment de bascule où une société tombée en état de totale morbidité s’effondrera. Cette accélération est perceptible à travers la dislocation de toutes nos institutions : éducation, santé, conditions de vie… Comme cela a souvent été décrit sur ce yetiblog depuis 14 ans, la révolution, c’est-à-dire la construction du monde d’après, ne commencera que sur les ruines fumantes du monde d’avant.

Il faut que nous nous tenions prêts à agir lorsque ce mouvement de bascule interviendra, déclare Juan Branco qui a de plus que le yetiblog d’avoir pu pénétrer le petit monde glauque dont il dévoile les sales ficelles dans Crépuscule. Déjà, note Juan Branco, avec le soulèvement des Gilets jaunes sont apparues les premières lueurs de vitalité politique, indispensable pour une renaissance…

À un moment, il faudra remettre de la vie !

Extraits :

« On est dirigé par des zombies, des morts-vivants. Ça se voit l’absence de vie, chez ces gens-là, de Castaner à Philippe en passant par Macron. C’est des personnes qui ont perdu leur vitalité dans la prise du pouvoir. Les Gilets jaunes, c’était quelque chose de très exaltant parce que la force vitale revenait dans ce pays.

L’absence de vitalité de ce pouvoir, c’est quand même très très important. Ces personnes-là sont dans un dysfonctionnement majeure, ce sont des forces morbides aujourd’hui dans ce pays. Les Gilets jaunes sont des personnes qui ont été écrasées par cette morbidité et qui à un moment ont décidé de se rebeller pour survivre, parce qu’ils étaient en train d’étouffer, et dire « on arrête ». Évidemment pour une question économique, mais à tous les niveaux. On a besoin de jouer une fonction, un rôle dans ce pays. On ne peut plus être dominés par ces personnes-là.

Il faut rompre ces carcans, ré-insuffler de la vie dans le politique. Mais ça, ça ne passe pas. Vous ne gagnez pas face à un mort-vivant. Dans un débat, il est inaltérable. Vous lui mettez une droite, vous lui mettez une gauche, discursivement parlant, il ne réagit pas. Il continue dans une langue de bois que personne ne comprend. À un moment, il faut remettre de la vie !

On est en train de se disloquer. Les services essentiels de la nation sont en train de s’effondrer : l’éducation, l’hôpital, toute la société française. Du coup, on renvoie toute cette violence contre les migrants, contre tous ceux qui semblent venir prendre ce qui nous manque déjà. Il faut repenser le politique. Le miracle des Gilets jaunes, c’est d’avoir recommencer à penser politiquement et non plus en tant que boucs émissaires. Ne plus se laisser manipuler par la presse mainstream, mais réfléchir à nouveau sur les structures profondes du pouvoir. Cette saisine, il faut vraiment la prolonger, il faut pouvoir la préparer pour que demain, une bascule puisse intervenir et qu’on puisse exercer à nouveau notre citoyenneté. »

L’interview complète de Juan Branco par Denis Robert  (Le Média)

Franchement, je vous assure, ça vaut le coup de prendre une heure pour écouter ça :

=> Source : Le Média

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