De la crise financière (2008) à la crise économique et sanitaire (2020)

La crise qui vient d’éclater en ce début 2020 est bien différente de celle de 2008. La crise de 2008 état d’origine financière (l’éclatement de la bulle des subprimes). Celle de 2020 est d’origine sanitaire (la pandémie du coronavirus) et économique (la guerre du pétrole). Or une crise sanitaire et économique est bien plus grave qu’une crise purement financière. Je reprends en ceci la comparaison que fait Charles Sannat sur son blog Insolentiae.

La crise financière de 2008 eut bien sûr des conséquences sur l’économie réelle et le marché du travail. Mais elle a été colmatée finalement assez facilement par les tricheries des banques centrales qui ont inventé de la monnaie à gogo. On vous a toujours expliqué sur le yetiblog que l’argent, invention virtuelle purement humaine, dépendante de la seule volonté humaine, ne manquait que parce que des salopards (les 1%) décidaient volontairement d’en priver les gens d’en bas pour une question de supériorité hiérarchique. Remarquez que l’argent ne manque jamais pour mener une guerre. De même que l’argent sorti des banques centrales ne manqua pas aux circuits financiers grippés de 2008. Et ne leur manque toujours pas aujourd’hui.

Mais en 2020, le virus de la crise a muté ! Allez donc arrêter une pandémie avec du fric. Allez donc remplacer le manque de pétrole par des billets de banque. Regardez bien les prochaines conséquences de l’arrêt des usines en Chine pour cause de COVID-19. La plupart de nos vêtements, de notre électroménager, de nos meubles ne viennent-ils pas de Chine ? Regardez ce qui va se passer dans vos marchés et supermarchés quand les fruits et les produits alimentaires en provenance d’Italie vont finir par manquer suite au confinement de toute la population transalpine. Et en espérant encore que la fermeture des frontières aux marchandises supposées contaminées ne frappe pas aussi les fruits et légumes espagnols ou marocains.

Facile de comprendre, n’est-ce pas, que la crise 2020 qui frappe en prenant le chemin inverse de celle de 2008, c’est-à-dire en allant de l’économie à la finance et non l’inverse, est infiniment plus grave que celle de 2008.

Nous allons tous devoir être des Cubains, des Iraniens ou des Russes

Je n’irai cependant pas aussi loin dans mes conclusions que la description catastrophiste faite par Charles Sannat sur les conséquences dramatiques de ce krach économique mondial sur le quotidien de chacun d’entre nous. Ce qui est sûr, c’est que la crise qui vient d’éclater est catastrophique, peut-être mortelle, pour le capitalisme mondialisé. Et pour nous-mêmes si nous persistons à nous y accrocher. Sûr aussi que la période de secousses qui s’annonce va être douloureuse. Mais l’organisation capitaliste est-elle une fin en soi ?

Chassez le naturel et l’instinct de survie reviendra toujours au galop. Ceux qui rêvaient de relocalisation et d’activités économiques à dimension humaine pourraient bien être très rapidement servis. Et si les fraises, les concombres que nous mangeons, si les vêtements et les chaussures que nous portons, les appareils ménagers et les autos que nous utilisons devaient à nouveau être produits chez nous ?

Avec cette nouvelle crise, qui risque fort de durer, de s’étendre et de s’envenimer, nous pourrions vite nous retrouver dans la position des Cubains, des Iraniens ou autres Russes quand ils furent frappés d’embargos ou de sanctions. Allons-nous, comme eux, parvenir à retrouver notre autonomie au quotidien ? Allons-nous enfin nous désintoxiquer de ce capitalisme obscène qui nous réduit à être des consommateurs abêtis, fragiles et nus, pour redevenir des humains intelligents ?

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.