
Comme je l’avais écrit il y a quelque temps à propos de Tulsi Gabbard, un candidat à la présidentielle américaine n’a aucune chance de l’emporter s’il n’est pas préalablement adoubé par le système (appelé Deep State aux USA). Bernie Sanders est en train de le constater à ses dépens.
S’il avait pu faire illusion un temps – effet de surprise ? –, le candidat “socialiste” (mot obscène au pays de l’Oncle Sam) vient de perdre quasiment toutes ses chances de représenter le Parti démocrate lors du super Tuesday-bis remporté par le favori de l’establisment, Joe Biden.
L’establishment US dispose de trois tirs de barrage pour faire obstacle à un candidat mouton noir :
- le tir de barrage financier qui empêche carrément tout mouton noir de participer à la campagne électorale, très couteuse aux États-Unis : Bernie Sanders était parvenu à éviter cette première salve via un appel aux dons populaires étonnant de réussite ;
- le tir de barrage des sondages qui choisissent de privilégier les candidats “acceptables” par le système : là encore, on crut que Bernie Sanders allait passer la campagne sondagière d’entrée favorable au très con, mais très convenable Joe Biden ; c’était sans compter sur…
- … le tir de barrage groupé des médias mainstream contre Bernie Sanders (forcément manipulé par Poutine) avec l’aide il est vrai très complaisante de l’establishment Démocrate qui faisait tout, absolument tout, pour enrayer la course folle de son trublion, quitte à favoriser une victoire finale de Trump-le-dingue.
La démocratie ou le triomphe de la médiocrité majoritaire
Que Joe Biden soit un tocard incapable de tenir un discours cohérent, encore plus de gouverner une puissance comme les États-Unis d’Amérique, c’est une évidence. Que l’élection d’un Joe Biden ou celle d’un Trump ne valent pas mieux l’une que l’autre, en est une autre. Mais le système Deep State est prêt à tout pour survivre, même à s’accommoder de crétins (regardez, nous, avec Macron…).
Il y a une autre leçon cuisante à l’échec – pas encore assuré, mais en tout cas assurément programmé – de Bernie Sanders : l’échec de la démocratie populaire, la victoire de la démocratie autoritaire imposée par le système. Plus douloureux encore, la malléabilité navrante de l’électorat. Que ce soit la communauté noire américaine qui ait contribué à assurer la victoire d’un Joe Biden raciste jusqu’à l’os doit faire se retourner Martin Luther King et Malcom X dans leurs tombes. Pas mieux non plus pour les “pauvres blancs” qui viennent de se priver du Medicare for all (traduisez, sécurité sociale) promis par Sanders.
La conclusion très triste de tout ceci est que la démocratie a toujours et surtout été représentative de la médiocrité majoritaire. Vous comprenez pourquoi, maintenant, rien de positif n’est jamais venu de cette pseudo-démocratie, toujours autoritairement verrouillée par l’oligarchie. Vous mesurez pourquoi aucune conquête sociale, aucune révolution politique n’est jamais sortie des urnes, mais des combats menés par des minorités agissantes. Gilets jaunes, révoltés des classes moyennes, mes amis, vous savez ce qui vous reste à faire… si vous ne voulez pas attendre d’être une nouvelle fois enterrés tout crus en 2022.