Covid-19 : des fausses pistes archaïques aux premières lueurs d’espoir

Le texte, dont le yetiblog publie un extrait ci-dessous, me paraît capital pour comprendre comment nous en sommes arrivés là avec l’épidémie de Covid-19, comment de décisions archaïques en déclarations irresponsables, nos autorités politiques et nos sommités médicales dépassées ont laissé libre cours au mal plutôt que de l’enrayer… mais aussi comment les premières lueurs de solutions apparaissent pour nous permettre peut-être d’apercevoir le bout du tunnel.

L’auteur : Jean-Dominique Michel, anthropologue et expert suisse en santé publique depuis plus de 30 ans, enseignant dans une quinzaine de programmes universitaires et de hautes écoles (facultés de médecine de l’UNIGE et de l’UNIL, EPFL, IHEID, universités de Montréal, Fribourg, Neuchâtel, etc.).


Précaution liminaire
Je l’ai dit et le répète : en ces temps de mobilisation collective, nous avons tous à respecter scrupuleusement les mesures qui sont imposées. Même si on doute de celles-ci ou qu’on les trouve inadaptées, aucun d’entre nous ne peut se donner le droit de suivre sa propre idée.
Par contre, cette obéissance civile ne doit surtout pas conduire à une interdiction de penser ou de parler. Nous vivons des temps hautement traumatiques, avec des dégâts sur la population qui seront considérables. Donner sens à ce que nous vivons, nous renseigner, oser poser des questions est non seulement un droit inaliénable mais aussi une nécessité vitale !

Banal ou pas banal ?
Depuis le début de l’émergence du coronavirus, je partage mon analyse qu’il s’agit d’une épidémie banale. Le terme peut choquer quand il y a des morts, et a fortiori dans la dramaturgie collective hallucinée que nous vivons. Pourtant, les données sont là : les affections respiratoires habituelles que nous vivons chaque année font bon an mal an 2.600.000 morts à travers le monde. Avec le Covid-19, nous en sommes, au quatrième mois de l’épidémie, à 7.000 décès, ce qui est statistiquement insignifiant.
Les taux de complications et de mortalité qu’on nous brandit sous le nez jour après jour ne veulent absolument rien dire. En l’absence de dépistage systématique de la population, nous n’avons aucune donnée fiable à laquelle référer les données dont nous disposons (nombre de cas déclarés et de décès).

Fin du monde ou pas ?!
Pareillement, les projections qui sont faites pour imaginer le nombre de morts possibles sont rien moins que délirantes. Elles reposent sur un « forçage » artificiel et maximal de toutes les valeurs et coefficients. Elles sont faites par des gens qui travaillent dans des bureaux, devant des ordinateurs et n’ont aucune idée ni des réalités de terrain, ni de l’infectiologie clinique, aboutissant à des fictions absurdes.

Oui, mais tous ces morts et ces services engorgés ?!
C’est hélas le vrai point noir : s’il n’y avait pas ces cas graves, l’épidémie serait insignifiante. Il se trouve qu’elle entraîne des complications rares mais redoutables.

Fin de partie ?!
Le premier expert mondial en matière de maladies transmissibles s’appelle Didier Raoult. Il dirige l’Institut hospitalier universitaire (IHU) Méditerranée-Infection à Marseille, avec plus de 800 collaboratrices et collaborateurs.
Le 26 février, il publiait donc une vidéo retentissante sur un canal en ligne (comprenant le mot “tube”) pour affirmer : « Coronavirus, fin de partie ! »
La raison de son enthousiasme ? La publication d’un essai clinique chinois sur la prescription de chloroquine, montrant une suppression du portage viral en quelques jours sur des patients infectés au SARS-CoV-2.
Suite à cette étude, la prescription de chloroquine fut incorporée aux recommandations de traitement du coronavirus en Chine et en Corée, les deux pays qui sont le mieux parvenus à juguler l’épidémie…

So what ?!
Le Pr Raoult fut toutefois accueilli comme un cheveu sur la soupe, ses confrères dénigrant d’emblée sa proposition. Les journalises du Monde allèrent même jusqu’à qualifier sa communication de « fake news », accusation reprise sur le site du ministère de la Santé pendant quelques heures avant d’être retirée.
Le Pr Raoult obtint pourtant dans la foulée l’autorisation de conduire un essai clinique sur 24 patients dans son service et fut appelé à faire partie du comité pluridisciplinaire de 11 experts formé en mars par l’exécutif français, afin « d’éclairer la décision publique dans la gestion de la situation sanitaire liée au coronavirus ».
Les résultats de son étude clinique sont sortis hier, confirmant l’obtention d’effets thérapeutiques spectaculaires.
« Ceux qui n’ont pas reçu le Plaquenil [médicament à base d’hydroxychloroquine] sont encore porteurs à 90 % du virus au bout de six jours, tandis qu’ils sont 25 % à être positifs pour ceux qui ont reçu le traitement », explique le professeur Raoult.

Portage viral ?
Une étude publiée dans la revue Lancet le 11 mars avait entretemps révélé une donnée nouvelle mais essentielle : le temps de portage viral (durée entre le début et la fin de l’infection – et donc de contagiosité possible) s’avère supérieur à ce que l’on croyait, avec une durée moyenne de 20 jours. Avec l’association hydroxychloroquine/azithromycine, cette durée est réduite à 4-6 jours.
Eh bien que nenni ! Les réactions qui se sont fait entendre disputaient dans un premier temps la bêtise à la méchanceté.
Certes, ni les études chinoises, ni l’essai clinique marseillais n’a valeur de preuve (« evidence ») selon les critères de la recherche scientifique.
Mais diable, nous sommes dans une situation d’urgence ! La chloroquine est un des médicaments les mieux connus et les mieux maîtrisés (en particulier par l’IHU de Marseille). On peut donc tabler sur une très solide expérience relative au sujet de sa prescription. Se réfugier derrière un intégrisme procédural est éthiquement indéfendable.

Célébration des soignants !
Depuis quelques jours, la population confinée s’exprime chaque jour pour rendre hommage aux soignants et les soutenir dans les circonstances éprouvantes qu’ils vivent.
Dans les cercles des sommités, les choses sont hélas en général moins reluisantes.
Sur BFM TV, le Dr Alain Durcadonnet cassait aussitôt du sucre sur le dos de Raoult en rappelant qu’une conclusion scientifique se publiait dans des revues scientifiques et non pas par vidéo…
Le 1er mars, bien après la publication du premier essai clinique chinois, le directeur général de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, le Pr Martin Hirsch, disait ainsi au micro d’Europe 1 : « La chloroquine marche très bien dans une éprouvette, mais n’a jamais marché chez un être vivant« , ce qui était déjà parfaitement faux !

Le problème va plus loin…
Raoult explique comment Emmanuel Macron est venu le chercher après sa première annonce publique du 26 février et l’étrange expérience qui a été depuis la sienne dans le cercle d’experts qui conseille le martial président. À la question posée par un journaliste de Marianne : « Y êtes-vous  entendu ? », il répond : « J’y dis ce que je pense, mais ce n’est pas traduit en acte. On appelle cela des conseils scientifiques, mais ils sont politiques. J’y suis comme un extra-terrestre. »
En Suisse comme en France (et partout en Occident), la décision prise est de confiner les gens chez eux, malades ou non. Quand ils sont malades, on attend qu’ils aillent mieux puis (du fait de la durée de portage viral), on les laisse ressortir alors qu’ils sont en fait encore contagieux !
Confiner l’ensemble de la population sans dépister et sans traiter, c’est digne du traitement des épidémies des siècles passés, et à peu près aussi inopérant.
La seule stratégie qui fasse sens est de dépister massivement, puis confiner les positifs et/ou les traiter, tout comme les cas à risque puisque c’est possible, comme on le voit en Chine et en Corée.

La décadence de l’Occident
Elle est hélas criante et révélée ici dans toute sa crudité… Nous disposons d’une médecine de qualité, mais d’une santé publique moyenâgeuse. Le leadership technologique et scientifique est passé à l’Extrême-Orient depuis longtemps déjà, et notre nombrilisme intellectuel nous fait souvent nous raccrocher aux lanternes du passé plutôt qu’à la science d’aujourd’hui.

Le changement c’est maintenant ?!
Heureusement, on peut espérer que le vent change vite et bien. Le ministère de la santé français vient de mandater le CHU de Lille pour un essai visant à répliquer les résultats obtenus à Marseille. Quelques services hospitaliers et leurs médecins-chefs sont capables d’envisager qu’ils se sont trompés, c’est par exemple le cas du Pr Alexandre Bleibtreu de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, qui a tweeté récemment avec humour :

L’intérêt pour la chloroquine est désormais mondial avec des équipes travaillant aux quatre coins du monde. Si l’efficacité aujourd’hui très probable du médicament se confirme, ce sera un major game-changer.
Le dépistage de masse est désormais enfin une priorité sanitaire. Le temps d’organiser la capacité d’analyses des laboratoires, nous y aurons tous progressivement droit. Le laboratoire Sanofi vient par ailleurs de proposer au gouvernement français de produire gratuitement un million de de doses de chloroquine.

Soyons donc patients et appliqués. Une fois cette hallucination collective passée, il sera alors temps de faire un rigoureux « post-mortem » des décisions sanitaires et de chercher à comprendre ce qu’il s’est passé pour qu’on génère cet invraisemblable gâchis sociétal…

=> Lire l’intégralité du billet de Jean-Dominique Michel sur le blog de l’auteur Anthropo-logiques

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