KRACH BOURSIER 1. la sanction d’une dérive

((/images/Krach2.jpg|lundi noir|L)) »Préambule : je recopie ici [une tribune|http://www.rue89.com/2008/01/21/krach-boursier-la-sanction-dune-derive] également publiée sur Rue 89 le lundi noir du 21 janvier 2008. Les lecteurs de ce blog n’y seront guère surpris. Ils y découvriront résumés, parfois mot pour mot, quelques points bien souvent traités ici, mais synthétisés pour le citoyen lambda, tant il est nécessaire que chacun comprennent (enfin !) la très simple situation socio-économique mondiale actuelle. » Nous y voilà. Lundi 21 janvier 2008, le krach boursier, qu’on sentait menaçant, vient d’avoir lieu. Et rien qui permette d’envisager une inversion à court ou à moyen terme. Les « petits actionnaires » paniquent, les spécialistes s’affolent, essaient de sauver la face en (se) rassurant à grands coups d’hypothèses savantes. Rien n’y fait, la machine est durablement enrayée, compromettant tout l’édifice économique mondiale.

Chacun, à commencer par les médias, semble abasourdi par l’ampleur de la catastrophe. Pourtant, il me semble que nul n’est besoin d’être un technicien jonglant avec les variables savantes pour comprendre. Le déroulement des évènements est d’une logique imperturbable et d’un bon sens enfantin. Mais la logique et le bon sens, quand on a les yeux hypnotisés par les indices… Résumons : le système libéral est entièrement basé sur le moteur de la croissance financière. Sans croissance, plus de système. Justement, nous en sommes là. Quelle croissance pourrions-nous encore attendre ? Qu’on le veuille où non, dans tous les pays du monde, la croissance est indissociablement liée à la consommation. Or cette dernière pèche pour deux raisons. Première raison, dans les pays riches, ceux où il y a encore quelques moyens financiers pour consommer, la consommation sature par excès et même inutilité de l’offre. Pour alimenter la machine à croissance, il y a des années que nous en sommes réduits à créer artificiellement des besoins. Le 4X4 dernier cri, le nouveau téléviseur plasma, le téléphone multifonctions, bientôt le steak cloné… La consommation devient entièrement artificielle, aucune nécessité ne la justifie. Seconde raison, la perte du pouvoir d’achat par le plus grand nombre, dûe à une captation de la richesse financière par une élite restreinte. Or cette élite, de par sa restriction démographique, ne suffit plus à assurer la consommation nécessaire à la machine capitaliste. En privant de ressources suffisantes ceux-là mêmes qui pourraient consommer, ils se privent du carburant essentiel. C’est là une des principales failles des mesures d’urgences lancées en catastrophe par l’administration Bush le vendredi 18 janvier 2008. À quoi bon offrir un programme de réductions fiscales quand ceux qui pourraient relancer la consommation, ne sont plus imposables depuis des lustres. D’autres facteurs viennent aggraver la crise en cours. Ainsi, gavés jusqu’aux yeux, les privilégiés qui ont pu accumuler les richesses, ne les réinjectent même plus dans le circuit. Préférant l’enterrer dans quelques stériles paradis fiscaux. Ou dernière mode, choisissant de l’investir dans les pays émergents comme la Chine ou l’Inde. Seulement il y a un hic de taille : les pays émergents, eux aussi, dépendent de la consommation. Comme chez eux, la population a encore moins de moyens de consommer que chez nous autres repus, il leur est impératif d’exporter. Vers chez nous. Qui saturons. La boucle est bouclée, le cercle est vicieux en diable. Renforcé par l’insigne fragilité de ces nouveaux pays « riches » bâtis sur du vent. C’est d’ailleurs sur les places asiatiques et indiennes que le krach boursier est aujourd’hui le plus sévère. Nous voici donc arrivés au bout d’une course folle à l’entrée d’un tunnel dont nous ne sommes sans doute pas prêts de voir le bout. La machine néo-libérale est en rade et la plupart des États se sont privés de moyens financiers d’agir par excès de dette publique. Fasse que ces quelques lignes servent au moins de modeste éclairage pour une traversée qui risque fort d’être cahoteuse. Les plus privilégiés, eux, comme au bon vieux temps des avant-guerres, commencent à planquer leur or au fond de leur jardin. Le cours de la bonne vieille valeur-refuge atteint des sommets. Un classique. (Prochain volet : [ »KRACH BOURSIER 2. quelques lueurs pour l’avenir »|http://www.yetiblog.org/index.php?2008/01/22/252-krach-boursier-2-quelques-lueurs-pour-l-avenir])

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