KRACH BOURSIER 2. quelques lueurs pour l’avenir

((/images/Krach3.jpg|reflexion|L))Sur les décombres fumantes d’un système, plutôt que de se lamenter, essayons de commencer à dessiner les contours d’une reconstruction. Balayons d’un revers de main les vieilles toupies archaïques du passé, de droite comme de gauche, faisons fi des croyances et lubies du moment, et essayons d’examiner sereinement quelques points essentiels, quelques mesures cruciales, à la lueur du simple bon sens.

__Croissance et consommation__%%% Contrairement aux croyances libérales, ce n’est pas la croissance qui alimente le moteur de la machine économique, mais la consommation. Et la consommation ne conduit à la croissance que si un maximum de gens ont le loisir de consommer. Ce qui n’était plus le cas. Une grande partie de la population mondiale était sevrée quand d’autres étaient si gavés qu’ils en avaient perdus l’appétit. Pour avoir oublié cet enfantin principe, d’aucuns se réveillent aujourd’hui avec une douloureuse gueule de bois.%%% Mais d’abord, quelle consommation ? Sauf erreur, le b a ba de l’activité économique, tient à la production de biens et services pour satisfaire les besoins des populations. Les besoins élémentaires de TOUTES les populations. Et non des besoins artificiellement créés pour faire mumuse et gaver encore plus quelques repus obèses privilégiés. Les uns courent à l’indigestion, tous les autres à la fringale irréversible.%%% Le but n’est pas de consommer plus, mais mieux. Le problème n’est pas la « décroissance » (mouvement de réaction stérile comme toutes réactions contre, genre « anti-libéral »), ni une croissance seulement mesurée en termes financiers, mais en indice de satisfaction du consommateur, de TOUS les consommateurs vivants, dans le strict respect du cadre naturel qui est le nôtre. Et sans lequel nous n’existons plus. Ce n’est même plus une question de justice sociale, mais une simple considération de survie de l’espèce. __Le rôle de l’État__%%% L’individu est naturellement joueur. C’est un facteur incontournable de la nature humaine. Un rien lui est prétexte. Il joue à l’activité économique comme on joue aux billes où à cache-cache. Il a donc inventé la compétition économique. Travailler plus pour gagner plus ? Un hochet pour sale gosse. Et comme il est mauvais perdant, qu’il entend être le premier en tout, il balaie sans précautions tous les obstacles, fussent-ils ses propres congénères, qui entravent ses caprices.%%% Le rôle de l’État est de réguler strictement cet instinct de domination suicidaire. Pourquoi s’accommoder de la Justice (chargé de réguler les instincts prédateurs de l’être humain), et laisser sans freins l’activité humaine qu’est l’économie, au nom de la sacro-sainte liberté des marchés ? On mesure aujourd’hui les dégâts irréversibles de la dérégulation libérale actuelle, qui a consacré ce que la Justice tente d’empêcher : la loi du plus fort. Si les êtres humains veulent jouer, qu’ils le fassent, mais selon des règles publiques strictes valables pour TOUS, dans l’intérê de TOUS. __L’entreprise privée__%%% Le seul point de passage de toutes les dérégulations libérales actuelles est l’entreprise privée. C’est par l’entreprise privée qu’une élite (ah, ces fameux « actionnaires » !) capte les richesses financières produites et finit par auto-asphyxier le système économique tout entier. Contrôler les flux financiers engendrés par ces entités privées est pour un pouvoir politique responsable une nécessité vitale.%%% Mais contrôler n’est pas nationaliser. Sous peine de retomber dans les vieilles ornières idéologiques qui firent jadis trébucher feu le bloc de l’Est. Nationaliser, c’est souvent transférer un pouvoir discrétionnaire de quelques mains privées vers les quelques mains qui détiennent le pouvoir public à un moment donné. Les conséquences en sont tout aussi fâcheuses à termes.%%% Les nationalisations me paraissent cependant indispensables dans deux cas précis : les richesses naturelles du pays et les services publics. Facile à comprendre pour les premiers pour des raisons d’intégrité nationale. Indispensables pour les seconds (la santé, l’éducation, les moyens de transports…) qui ne souffrent pas d’être livrés aux aléas d’un « jeu » turbulent. Et ne peuvent être soumis, pour des raisons évidentes de biens communs, au principe de la rentabilité financière à courte vue.%%% __Le système bancaire__%%% Partie intégrante de la sphère privée, le système bancaire actuel a ceci de particulier qu’il est totalement incontournable. C’est par lui que passe inévitablement les revenus ou l’absence de revenus de tout individu, par lui que l’individu est contrôlé (ah, le fisc !), sanctionné (ah, les pénalités bancaires), coopté ou rejeté (ah, l’interdit bancaire !).%%% Livré aux joueurs privés, totalement indépendants des pouvoirs politiques (ah, les banques dites « centrales » !), il est clair qu’il ne peut qu’être soumis à tous les périls effrénés du jeu économico/financier. Et c’est bien ce qui s’est produit ! C’est par son système bancaire que l’édifice libéral mord aujourd’hui la poussière. Le reprendre en main est un impératif primordial pour inverser le cours désastreux des choses. Qu’une partie de ce système reste du domaine privé, n’est pas inconcevable en soi. Mais à condition d’être soigneusement régulé comme tout autre entreprise privée. Et surtout, contrebalancé par une aile publique suffisamment solide pour ne pas confier le sort du monde à d’obscurs fonds de pensions sans autres frontières ni autres lois que leurs profits immédiats. Bien d’autres domaines mériteraient ici d’être examinés : le droit du travail, la gestion de la dette publique, le contrôle des grands équilibres écologiques… Mais tous découlent logiquement à mon sens des priorités évoquées ci-avant. Au point de délabrement où nous en sommes, attachons-nous déjà à faire valoir les principes essentiels, et à traiter les priorités urgentes. A-t-on quelques chances de voir tout ceci pris en considération ? À l’heure où l’on se prépare à examiner doctement les mesures très farces et totalement déconnectées proposées par la commission Attali pour « relancer la croissance » ; au moment où le pouvoir politique en place fraie avec la sphère privée au point de se faire payer ses vacances par cette dernière ; alors que les forces politiques d’opposition découvrent les mérites du bateau libéral qui nous envoie par le fond (le PS), ou ânonnent en vase clos les mêmes inutiles protestations sur fond de déchirements internes (l’ « autre gauche »), quand les syndicats abdiquent face au démantèlement du droit du travail… permettez qu’on nourrisse quelques légères craintes ! Nous n’avons pourtant guère le choix. Faute de réagir à temps, l’ordre naturel des choses, que le « génie humain » est loin de maîtriser quoi qu’il en pense, se chargera d’administrer une sévère correction aux « gamins têtus » que nous sommes. (Précédent volet : [ »KRACH BOURSIER 1. quelques lueurs pour l’avenir »|http://www.yetiblog.org/index.php?2008/01/22/251-krach-boursier-1-la-sanction-d-une-derive]

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