Le raidissement répressif obligé du pouvoir contre la presse alternative

Le raidissement répressif du pouvoir vient de connaître ces dernières semaines une accélération manifeste, principalement exercé contre ceux qui ont vocation d’informer, et encore plus contre ceux qui font fi de l’information officielle :

  • loi anti-fake news ;
  • convocations policières ou mises en garde-à-vue de journalistes, y compris parmi ceux de la presse officielle : Ariane Chemin, Le Monde, interrogée par la DGSI, sur ses « révélations » à propos de l’affaire Benalla) ;
  • non reconnaissance de la qualité de journalistes dits « alternatifs » : Taha Bouhafs, Là-bas si j’y suis, brutalisé et mis en garde-à-vue au moment où il couvrait une manifestation de sans-papier de Sud PTT, Leo Ks, Collectif OEIL, interpellé dès 6 du matin à son domicile [photo]… ;
  • remise en cause de la loi sur la liberté de la presse par la ministre de la Justice Nicole Belloubet

La réaction typique, convulsive, inévitable, obligée, d’un pouvoir qui meurt

Ce durcissement répressif suscite une vague d’indignation compréhensible dans les milieux journalistiques. Il témoigne pourtant d’une crispation due à un excès d’impuissance fébrile, bien plus que d’un renforcement d’autorité. C’est la réaction typique, convulsive, inévitable, obligée, d’un pouvoir qui meurt.

Les pouvoirs autoritaires du XXe siècle avaient un atout décisif pour mettre une chape de plomb sur leurs agissements répressifs : une presse totalement sous contrôle. Avec le développement d’Internet et des réseaux sociaux, armes de destruction massive de tout pouvoir dictatorial, velléitaire ou réel, ça n’est plus possible. Les milliardaires qui se sont emparés à grand frais des moyens d’information traditionnels en sont pour leurs frais. Leurs médias sont pourris et plus personne ne les croit, tout particulièrement en France qui occupe la dernière place européenne – encore un effet Gilets jaunes ? – dans la dernière étude du Reuters Institute sur la confiance des citoyens envers leurs médias (juin 2019) :

Signe de ce déclin et de cette impuissance (qui devrait en réalité plutôt réjouir qu’indigner) : tous les journalistes arrêtés ces dernières semaines ont été relâchés à l’issue de leur garde-à-vue sans que rien n’ait pu être retenu contre eux. Là encore, effet réseaux sociaux prompts à démonter les accusations fantaisistes d’une autorité moribonde.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.