Critique du Média de Pierre Rabhi : un socio répond

Voici le texte de ma tribune publiée par le Média presse à propos de l’interview de Jean-Baptiste Malet sur les prétendues « dérives sectaires » de Pierre Rabhi. Les réactions hystériques des anti-Rabhi déclenchées par cette tribune sur les réseaux sociaux montrent que le fondateur des Colibris n’a en tout cas pas le monopole des sectes 😀


Le Média : nous publions la tribune d’un de nos socios qui voulait répondre à notre entretien de Jean-Baptiste Malet très critique à propos de Pierre Rabhi et défendre ce dernier.

On peut parfaitement apprécier la tenue d’une interview et ne pas partager les points de vue qui y sont exprimés. C’est mon cas pour l’entretien de Julien Brygo avec Jean-Baptiste Malet à propos de sa critique du « système Pierre Rabhi ».

J’ai lu les ouvrages de Pierre Rabhi. Je les trouve plutôt intéressants sur bien des points, quoique peut-être un tantinet trop gentillets et naïfs sur la nature humaine (le retour à la terre nourricière, les « nourris-toi toi-même » ou autre « fais ta part de boulot »…). J’y vois surtout une critique assez nette du productivisme et de la surconsommation débridée. Bref, pas de quoi fouetter un chat complotiste, ni hurler à la « dérive sectaire » comme le fait Jean-Baptise Malet.

Mais il est vrai que Malet critique surtout Pierre Rabhi, non par ce qu’il fait et écrit, mais quasi exclusivement à travers ses fréquentations. Tantôt d’obscures « associations qui sentent le soufre » – dans son enquête du Monde diplomatique, Malet cite les écoles Steiner-Waldorf inspirées par Rudolf Steiner, soit en tout et pour tout une quinzaine d’établissements en France, c’est dire le danger ! Tantôt des sommités de l’oligarchie capitaliste, du « haut cadre de MacDonald » au « PDG de Danone » en passant par les politiques Stéphane Le Foll, Ségolène Royal, Nicolas Hulot, et les grandes émissions prime-time des chaînes de télé mainstream françaises.

On tombe là au niveau du pur procès d’intention fait d’insinuations malveillantes et de parallèles douteux. Que Pierre Rahbi ait choisi de parler avec tout le monde ne le rallie pas pour autant aux points de vue de ses interlocuteurs quels qu’ils soient. Et que devons-nous penser des Martin Luther King, Mandela ou Gandhi, aujourd’hui célébrés unanimement par ceux-là mêmes qu’ils combattaient jadis ?

Un moment bien mal choisi

On peut légitimement se demander les raisons de ce bashing agressif contre Pierre Rabhi, et surtout à ce moment précis. Malgré le succès de la vente de ses livres, je ne suis pas persuadé que Pierre Rabhi figure dans la liste des 1% de prédateurs financiers qui mettent notre planète en péril, ni que son association Colibris planque ses faramineux profits dans les paradis fiscaux, ni que ses gentils conseils de décroissance et de « sobriété heureuse » constituent les plus graves dangers à la survie de l’espèce.

Jean-Baptiste Malet se livre dans l’interview du Média à un curieux et très révélateur plaidoyer contre les sectes « religieuses » qui mènent un combat culpabilisateur d’arrière-garde contre « la modernité » :

« Cette idée de la culpabilité qui est une idée religieuse, je pense qu’il faut s’en débarrasser. Quand on n’a pas beaucoup d’argent et que de temps en temps on mange dans un supermarché hard-discount quelque chose qui n’est pas bio parce qu’on n’a pas de fric, eh bien on n’a pas à culpabiliser. Tout ce discours de la bourgeoisie écologiste de dire « on peut choisir de manger des bons produits, ça coûte pas plus cher de manger bio, etc. », peut-être que ça les rassure eux, mais dans les faits nous savons que c’est très difficile. »

En pleine polémique sur les ravages du glyphosate et les dégâts de l’agriculture intensive, voilà une campagne de dénigrement qui tombe à pic pour combler d’aise les Monsanto, Bayer et autres FNSEA.

=> Source : Le Média presse

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