Vivre : le secret plaisir du désordre (enfin) établi

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Après le fameux bain de boue de Woodstock 69

Il y a une certaine jouissance du désordre et même du chaos, je trouve. Surtout, comme c’est le cas aujourd’hui, quand ce désordre chaotique est solidement établi. Continuer à vivre malgré tout… ou grâce au chaos.

Tout comme j’ai appris à savourer les ornières du chemin, la rugosité des pierres, la morsure du vent ou la pluie dégoulinant dans mon cou, j’en suis venu à vivre avec une certaine insouciance malgré les risques d’accidents de la route, de cancers, de catastrophes météo, de virus…

Le plaisir inouï de voir un ordre établi disparaître

Et cette insouciance, cet appétit de vivre sont encore renforcés par le plaisir inouï d’être de plus en plus débarrassé de l’ancien ordre établi, de ses grilles hiérarchiques et de ses chiens de garde en train de littéralement péter les plombs au point de relever d’un internement psychiatrique (entendre un Véran parler, regarder les postures d’un Macron, franchement…).

Alors, je sais bien qu’une grande majorité de gens souffrent de voir leur ordre établi tomber en déshérence, de n’avoir plus aucune grille de référence à laquelle se raccrocher, de se sentir soudain privés de cette sécurité pourtant devenue carrément insupportable et étouffante (le pass sanitaire, c’est non).

Et si nous vivions une époque formidable ?

À toute chose malheur peut avoir du bon. Si les troubles comportementaux se multiplient à tous les niveaux de l’échelle hiérarchique, on voit qu’une tentative de réorganisation est en train de s’opérer : migration des villes vers la campagne, relocalisation des activités économiques de première urgence, pas de réel problème de malnutrition dans le pays malgré les queues aux soupes populaires devenues “service publics”. Les gens sont même en train d’apprendre à se passer des boulots merdiques, à s’affranchir du mythe de la bagnole et des vacances polluantes à l’autre bout du monde…

Vivre en dehors des grilles hiérarchiques établies, n’est-ce pas le summum de la liberté ? Bien sûr, la liberté n’est pas sans risques, sans dommages collatéraux. Mais c’est le prix à payer pour en jouir. Et finalement, j’en suis venu à me dire que nous sommes peut-être en train de vivre une époque formidable.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.