
La vie de Gabriel est un véritable capharnaüm, un « buio » pour reprendre l’expression italienne signifiant l’obscurité totale, mais aussi l’ignorance.
Le quotidien de Gabriel est un périple chaotique passant sans transition de problèmes triviaux comme celui du casse-tête d’un cadeau d’anniversaire à offrir – « mais quel cadeau ? » – à l’évocation émue d’un fleuve romantique en écoutant une ritournelle de Hugues Aufray – « Viens petite on va danser au bord du Rhin… » –, entre l’envie de tuer séance tenante un importun à coups de revolver et une visite fervente dans une rue de Rome évoquée dans un vieux film italien emblématique.
Le tour de passe-passe littéraire d’un véritable écrivain
Vie obscure de Gabriel est une suite d’efforts obstinés pour mettre de l’ordre dans ces ténèbres existentielles, un peu de lumière dans cette obscurité. Mais n’est-ce pas le privilège d’un artiste que de mettre de l’ordre dans le chaos pour en tirer une oeuvre d’art ?
À la baguette, Gilles Ascaride, auteur, acteur, voyageur, vient à la rescousse de son héros pour mettre des mots sur cette traversée des ombres qu’est la vie de Gabriel. Avec un tel talent qu’à la fin c’est le lecteur lui-même qui finirait bien par souffrir, s’exalter, s’emporter, se reconnaître en Gabriel. Bref, vivre. Le tour de passe-passe littéraire est achevé. C’est en ce sens que Gilles Ascaride est un véritable écrivain.