Vers le grand carnage économique : un cycle dépressif en phase finale

Tous les signes économiques indiquent que la France – comme d’ailleurs tous les pays du bloc occidental – est désormais au coeur d’un cycle dépressif en phase finale.

Quelle différence entre une récession et une dépression économique ?

  • la récession est un ralentissement ponctuel du rythme de croissance économique qui se traduit par une baisse du PIB. Un pays est déclaré en récession après deux baisses trimestrielles de son PIB. Ainsi la France est officiellement en récession après une baisse de 0,1% au 4ème trimestre (T4) de 2019 et de 5,8% au 1er trimestre (T1) de 2020.
  • la dépression est le stade supérieur de la récession, une sorte de récession qui s’alimenterait elle-même en effet boule de neige : ralentissement de la croissance qui alimenterait le chômage, qui lui-même aggrave le ralentissement économique et l’appauvrissement, qui, etc. Si la récession est ponctuelle, la dépression s’étend sur un cycle beaucoup plus long. La dernière dépression reconnue officiellement est celle de 1930. Elle dura dix ans et s’acheva par une guerre.

Le coronavirus a bon dos

Lorsque survient une récession, et encore plus lorsqu’elle s’est faite dépression, la réaction des autorités, tant politiques qu’économiques, est d’en nier l’existence, de lui trouver quelques prétextes accidentels en espérant l’exorciser. Le coronavirus, spontanément montré du doigt pour expliquer la situation présente (avant, c’était les Gilets jaunes) a bon dos : à la fin du T1 2020, la France était officiellement en récession sur deux trimestres… et il n’y avait eu qu’une quinzaine de jours de confinement !

Quand ils ne peuvent plus nier la réalité d’une récession, et plus encore d’une dépression, les prévisionnistes patentés ont recours à la méthode Coué. Ils ne présentent plus des prévisions, mais des voeux pieux. Lorsque la Commission européenne annonce une récession de 8,2% en France pour l’année 2020 (et un déficit budgétaire de 9,9% !), elle ESPÈRE SURTOUT que cette limite ne soit pas dépassée. Mais quand le cycle dépressif s’emballe – c’est le propre d’un cycle dépressif – la méthode Coué ne vaut pas mieux qu’un test Discovery à prétention scientifique pour lutter contre une épidémie.

Le carburant d’une dépression, c’est la bêtise des puissants

N’y aurait-il pas un moyen d’enrayer un cycle dépressif ? Oui, dans l’idéal… mais nous ne vivons pas dans un monde idéal. L’idéal serait de remettre la machine économique et financière à plat, de réorganiser l’outil monétaire national et international. Comme à Bretton Woods après la guerre, par exemple. Mais ça justement, c’était APRÈS la guerre !

Car voici en vérité comment les choses vont se passer. Quand ils ne pourront plus nier la réalité du cycle dépressif, les puissants de ce monde vont se réunir, fixer de grands principes vertueux, des lignes de conduite idéales, des objectifs de reconstruction à long terme (comme lors de la COP 21, vous vous rappelez ?). Mais que feront-ils lorsqu’ils retourneront dans leurs conseils d’administration, quand ils tiendront leurs « réunions de budget » dans leurs entreprises ? Ils fixeront les objectifs pour récupérer coûte que coûte leurs dividendes prévus à la fin de l’année immédiate. Ils gratteront la bidoche jusqu’à l’os, jusqu’à ce que la bête – LEUR bête – meurt. C’est comme ça, ils sont bêtes.

Vous ne me croyez pas ? Regardez leurs premières réactions. Lors de l’épidémie de Covid-19, constat a été fait de la désinstrutrialisation dramatique de la France et de la nécessité de relocaliser les activités essentielles. Et que font-ils une fois passé le virus ?

99% de la population française est en situation de dépression économique depuis le début des années 2000

Une situation de dépression n’est admise par les puissants que lorsque ceux-ci sont frappés directement. En réalité, comme l’a démontré Emmanuel Todd dans son dernier ouvrage, La lutte des classes au 21ème siècle, 99% de la population française s’appauvrit depuis des années et vit donc déjà en état de dépression économique larvée depuis le début des années 2000.

Certains avancent que cette discrimination entre les 99% et les 1% relève d’une préméditation mûrement réfléchi des seconds. C’est entièrement faux. D’abord, les puissants sont autant menacés par le réchauffement climatique et les épidémies que le reste des populations. Et vous allez voir qu’ils vont précipiter aussi la chute de leur machine économique déjà moribonde. Par bêtise. Par frénésie du gain à court terme. Les charognards ne seront jamais des bâtisseurs, ni des réparateurs.

L’appareil financier et économique des puissants est définitivement grippé depuis 2008, ne tient plus que par les injections monétaires lâchées par les banques centrales. Réinvestissent-ils cette manne providentielle dans le moteur économique réel pour le faire repartir ? Non, ils la gardent et spéculent. Pour tenir un euro de croissance, ils en dépensent trois en endettement public (déficit budgétaire). Et bientôt près de dix euros pour n’en perdre, au moins pire, que huit (cf. les prévisions de la Commission européenne en lien ci-dessus). Bêtes comme leurs pieds, vous dis-je.

En réalité, nous ne sommes plus à la veille, mais à la fin du cycle dépressif. À la veille de la nouvelle guerre qui clôt tous les cycles dépressifs. Guerre civile ? mondiale ? révolutionnaire ? Nul ne le sait, mais la dynamique finale de destruction de leur système est enclenchée : avec le soulèvement des Gilets jaunes en novembre 2018, avec le réveil des classes moyennes en 2019 au moment de la tentative de privatisation des retraites, avec une situation de plus en plus explosive dans les banlieues… Nous entrons dans le dernier round. Accrochez-vous, ça va secouer !

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.