
Non, je ne vais pas vous parler du volcan islandais qui vient de sortir d’un roupillon de plusieurs siècles et dont le réveil spectaculaire émerveille naturellement l’enfant qui sommeille en nous. Le séisme dont il va être question dans ce billet est autrement plus sinistre, promesse de cataclysmes qui risquent fort de secouer méchamment notre quotidien déjà bien bousculé.
Connaissez-vous la banque Greensill ? Non bien sûr. Le monde capitaliste du 21ème siècle est fait de ces monstrueuses sociétés qui opèrent en toute opacité dans une interface qui échappe à la connaissance du commun des mortels. La banque Greensill était une des dernières interfaces entre une planète finance déconnectée depuis longtemps des réalités et une économie réelle qui a de plus en plus de mal à y faire face (aux réalités). La spécialité de la banque Greensill était de racheter les dettes des entreprises à court de liquidités pour masquer des trésoreries calamiteuses, tout en les renégociant pour spéculation à la caste financière. Une combine aussi tordue que son appellation intestine : « l’affacturage inversé » !

Mais faire du fric avec des dettes, même pour une banque Greensill, ça n’a qu’un temps. La banque Greensill vient de se déclarer en faillite. Du coup, les acteurs de l’économie réelle, qui avaient cruellement besoin de ses liquidités, se trouvent brutalement privés d’une manne un brin tortueuse, mais absolument vitale.
Un nouveau craquement sinistre dans le Titanic capitaliste
Le groupe industriel CFG Alliance, par exemple. Vous n’en avez pas non plus entendu parler, normal. Encore une de ces interfaces interlopes qui font les choux gras des capitalistes. Mais vous allez mieux comprendre quand vous saurez que cet empire nébuleux possède des dizaines d’entreprises réparties dans 30 pays. Dont la France, avec l’aciérie Ascoval et Dunkerque Aluminium dans le Nord, l’usine Liberty Steel (ex-France Rail) à Hayange en Moselle, des fonderies dans le Poitou… Et toutes ces entreprises – avec, ne les oublions pas, leurs dizaines de milliers de salariés désormais menacés – se trouvent soudain privées du fric indispensable de la banque Greensill. Et pas qu’elles. Parce que le robinet de la banque Greensill arrosait également des dizaines de collectivités locales qui vont, elles-aussi, devoir se battre comme des chiffonnières pour éviter la mise en défaut de paiement.
Alertés, les responsables politiques sont évidemment aux abois et tentent de sauver ce qui peut encore l’être. Mais allez donc sauver un Titanic dont le naufrage vient précisément d’avoir été lâché par les assureurs et les grandes institutions financières (Crédit Suisse) qui le maintenaient à flot, affolés par les prises de risques inconsidérées de sa capitainerie.
Vous le voyez venir, maintenant le cataclysme à l’horizon ? Celui-ci n’est en fait qu’un nouveau craquement sinistre dans le système en cours d’effondrement. Vous remarquerez que ce sont tous les fleurons du capitalisme autrefois triomphant qui sont victimes de l’effroyable effet domino. Après l’aéronautique, l’industrie automobile, voici un nouveau coup fatal pour ce qui nous reste d’industrie. Quant aux financiers allumés, beaucoup plus en perdition qu’ils ne le pensent dans leur nef détraquée, leur seule richesse est de croire qu’ils sont encore riches. Il n’y a plus guère que les naïfs pour leur prêter une toute puissance qu’ils n’ont plus et crier mordicus à un complot de leur part en vue d’un Great Reset impossible de leur monde pourri.