Un empire du chaos sur le déclin rendu dingue face à l’Iran

Je reprends le titre d’une intéressante mise en perspective géopolitique du déclin de l’empire occidental établie d’après une analyse de Federico Pieraccini dans The Strategic Culture Foundation.

Le constat de Federico Pieraccini – ceux qui lisent les chroniques du Grand jeu sur le yetiblog savent qu’il n’est pas le seul à le faire – est que l’empire unipolaire US est sur le reculoir, sinon carrément en échec partout où il intervient sur la planète.

  • En Ukraine : le coup d’État soutenu et financé par l’OTAN en 2014 a été immédiatement neutralisé par Poutine avec l’annexion de la Crimée et un soutien matériel efficace à la résistance des citoyens du Donbass face à l’agression de l’armée de Kiev et de ses voyous néo-nazis.
  • En Syrie : si l’armée de quelques 200.000 mercenaires, armés et entraînés par les États-Unis, le Royaume-Uni, Israël, la France, la Turquie, la Jordanie, l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, réussit dans un premier temps à déstabiliser le régime d’Assad, l’intervention russe de 2015 est parvenue à retourner la situation grâce à la nette supériorité de son armement et de son organisation militaire en matière de guerre électronique.
  • En Corée du Nord, le gouvernement US a montré les limites de sa politique impérialiste de menaces et d’exactions face un Kim Jong-un qui ne s’en est pas laissé conter, contraignant le gros Goliath de Washington à un accord finalement assez piteux, malgré ses inévitables fanfaronnades, avec le petit David de Pyongyang.
  • Ce tour d’horizon des déboires de l’empire occidental finissant ne serait pas complet si l’on ne mentionnait pas son enlisement caractérisé en Afghanistan, en Irak et en Libye. Ou encore ses échecs à reprendre pied au Venezuela (le fiasco du “président par intérim” Guaido) et ses piétinements dans la guerre économique imprudemment déclarée à la Chine.

Un empire US aux pieds d’argile, malade, chétif et ridicule, irrémédiablement condamné à mort

C’est sur tous ces constats d’échecs, inconsidérément poussé à la guerre par les lobbies israéliens et saoudiens à Washington, que Trump vient de se lancer dans une nouvelle vaste opération d’intimidation, cette fois contre l’Iran ! Mais l’Iran est une autre paire de manches, en matière d’obstacle militaire et stratégique, que les autres petits poucets susmentionnés.

Le maître d’empire est un colosse aux pieds d’argile. Et ses pieds d’argile sont ses alliés européens, israéliens, saoudiens, ainsi que son opinion intérieure. Les pieds européens avaient déjà freiné des quatre fers lorsque le conflit ukrainien menaçait de dégénérer en guerre ouverte avec Moscou directement sur le sol du vieux continent. Un conflit avec l’Iran mettrait en péril l’approvisionnement vital en pétrole et en gaz, notamment via le détroit d’Ormuz contrôlé par Téhéran. De même, nul doute qu’Israël aurait quelques soucis à se faire à propos de son existence en cas d’attaques de missiles venant d’Iran, mais aussi très probablement de Syrie, du Liban et du plateau du Golan. Ne se dit-il pas déjà que la Russie s’apprêterait à construire des bases militaires sur le territoire iranien bordant le détroit d’Ormuz ?

Le déclin d’un empire devient irrémédiable quand celui-ci n’est plus en mesure d’imposer sa volonté impériale. Or, la possibilité d’une guerre menée par les États-Unis contre l’Iran est « improbable, voire impossible », écrit Federico Pieraccini. Le maître d’empire US et ses pâles alliés en sont réduits à des coups de menton et à des provocations aériennes aussi puériles que stériles. Pire, suicidaires puisqu’en renforçant les liens entre ceux qu’il menace inconsidérément, il favorise un mouvement de dédollarisation de plus en plus redoutable. Fatal pour une puissance dépendant aussi étroitement de l’hégémonie mondiale de sa monnaie. Et une dédollarisation qui permet de contourner les sanctions et les interdictions imposées par Washington.

Non seulement le vieil empire est nue, mais il apparaît de plus en plus singulièrement malade, chétif et ridicule. Les très sérieuses dernières capacités de nuire qui lui reste ne peuvent plus l’empêcher de mourir.

=> Lire l’analyse de Federico Pieraccini dans The Strategic Culture Foundation

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