Les 30 propositions du PS pour 2012 : timorées et réchauffées

Donc, le Parti socialiste vient d’accoucher de trente propositions censées composer son projet pour la Présidentielle de 2012. Décryptage d’un vague programme toujours aussi à côté de la plaque.

Ces trente propositions sont classées en trois catégories principales :

  1. « Redresser la France et proposer un nouveau modèle de développement » (16 propositions)
  2. « Retrouver la justice pour bâtir l’égalité réelle » (8 propositions)
  3. « Rassembler les Français et retrouver la promesse républicaine » (6 propositions)

Un volontarisme fourre-tout et éventé

Passons sur le volontarisme assez éventé de ces trois intitulés et remarquons que les intertitres fourre-tout ne valent guère mieux en matière d’originalité, tant n’importe quel parti, de gauche comme de droite, ou même d’extrême droite, aurait pu les signer tel quel :

  • « Emploi, compétitivité, investissement, désendettement : refaire de la France une nation qui compte »
  • « Agriculture, environnement, énergies : changer de modèle pour vivre mieux »
  • « Pouvoir d’achat, salaires, pensions : rendre la vie moins chère »
  • « Réforme fiscale : davantage de justice, davantage d’efficacité »
  • « Services publics : priorité à l’éducation, à la santé et à la sécurité » (« sécurité », forcément, il ne pouvaient pas la rater, celle-là, des fois qu’en face…)

Oublions encore ces détails — même si cette allusion au désendettement à un sale petit arrière-goût de plan d’austérité à la grecque — et entrons dans le vif des trente propositions.

Une impression de déjà-promis (mais jamais tenu)

On ne peut manquer d’être imméditement frappé par une désolante impression de vacuité et de déjà-vu, ou plutôt de déjà-promis mille fois (sans jamais être tenu) :

  • un catalogue désuet de vœux pieux ne mangeant pas de pain : « un nouveau pacte éducatif », « remettre l’hôpital au cœur du système »
  • des chiffres annoncés au petit bonheur la chance pour faire concret : « 300 000 emplois d’avenir » pour les jeunes…
  • des mesures attrape-nigaud : le CV anonyme, le parcours d’autonomie en matière d’étude…
  • un volontarisme politique timoré : on essaiera de « dissuader » les licenciements boursiers mais sans aller jusqu’à les interdire, idem pour l’égalité homme-femme qui sera conditionnée à de simples « exonérations de cotisations patronales »

Bref, le minimum syndical, et c’est peu dire, pour tout juste exister médiatiquement.

Comme si la crise n’existait pas

J’avais pour ma part fixé cinq conditions pour aller voter en 2012. Autant dire que le projet lénifiant du Parti socialiste n’en respecte aucune :

  • rien sur un minimum vital décent pour les citoyens, juste l’éternelle promesse réchauffée d’un petit « coup de pouce » au SMIC ;
  • rien ou presque sur l’échelle des revenus, juste une mention d’une échelle de 1 à 20 pour la seule fonction publique (d’ailleurs elle-même en voie de raréfaction sans que rien ne soit prévu pour la revaloriser) ;
  • rien sur le gel de la dette publique, mais volonté énième fois répétée de réduire le désendettement… par de la croissance retrouvée (« réaffecter les marges financières que nous dégagerons ») !
  • rien sur des mesures de régulation financière (l’interdiction des paris spéculatifs sur les variations de prix, par exemple) comme si la crise n’existait pas ;
  • une vague allusion à des « droits de douane modulables », mais sans dire comment on s’affranchira de l’inévitable veto de la Commission européenne…

Rien, du vent, ainsi pourrait-on résumer l’exercice de style de nos tâcherons socialistes. On s’étonnera après qu’il n’y ait pas que les « indignados » de la Puerta del Sol madrilène pour ne plus se sentir représentés par ce genre de parti obsolète.

Et préférer la rue à des urnes parfaitement vaines, même au second tour d’un scrutin présidentiel français.

Notes

Pour comparer : au programme du Yéti…

A propos de Pierrick Tillet 3377 Articles
Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.