La rumeur de Tolbiac : distinguer information erronée et « fake news »

Trois médias ont donc récemment transmis une information erronée… avant de reconnaître rapidement leur erreur et de s’en excuser. « Fake news » ?

L’information erronée : lors de l’évacuation de la faculté de Tolbiac, il y aurait eu « un blessé grave dans le coma », mystérieusement (et secrètement) hospitalisé, pensait-on, à l’hôpital Cochin.

Cette information reposait sur des témoignages qui se sont révélés après enquête proprement imaginaires. On remarquera que ce sont les trois journaux induits en erreur qui ont mené l’enquête sur les zones d’ombre de leur information.

On remarquera aussi qu’ils s’en sont aussitôt excusés publiquement et en une, pas en catimini, ni sous la pression d’autres médias ou d’esprits un peu lapidairement justiciers.

C’est là qu’il convient de faire une nette différence entre « fake news » et information erronée :

  • une « fake news » est une fausse nouvelle donnée sciemment et délibérément dans le but de tromper et de modifier l’opinion ;
  • une information erronée est juste une information fausse délivrée un peu rapidement et sans suffisamment de précaution, mais le fait qu’elle soit rapidement reconnue et amendée efface une bonne partie de la responsabilité – effective – de ceux qui l’ont commise et rétablit la vérité des faits de manière plutôt satisfaisante.

Une info erronée est un risque du métier de journaliste, les « fake news » en sont une perversion

Dans la période troublée et enflammée qui est la nôtre avec la montée de la colère populaire, et le climat de peur qui en est la conséquence obligée, il y a fort à craindre que les rumeurs et les infos erronées se multiplient. C’est un risque à courir, bien moins dangereux et malsain (quand ces erreurs sont corrigées par leurs propres auteurs) que les « fake news » avérées (qui, elles, ne le sont jamais). Une info erronée est un risque du métier de journaliste, les « fake news » en sont une perversion.

On aura la générosité de ne pas lister le nombre de vraies « fake news » délivrées – sur l’Ukraine, la Syrie, l’affaire Skripal… – sans jamais aucun correctif  de quelque sorte, par certains des vertueux procureurs de nos trois fautifs (enfin surtout d’un des trois qui semble concentrer leur ire justicière : Le Média).

À quand les excuses de Libé pour cette vraie « fake news » ?

On regrettera aussi que certains de nos amis aient profité de ce petit faux-pas professionnel sur Tolbiac, sans graves conséquences puisque rapidement corrigé, pour déverser un petit trop-plein d’aigreurs un brin douteuses et régler de sombres petits comptes.

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