Tentative coup d’État Venezuela : situation incertaine mais claire, encore à l’avantage de Maduro

La situation au Venezuela, après la tentative de putsch militaire de lundi contre Nicolas Maduro et les émeutes qui s’en sont suivies, apparaît toujours à l’avantage du président vénézuélien.

Ce qui est actuellement en train de se passer au pays de Chavez est clairement une tentative de coup d’État fomenté et organisé par les États-Unis soucieux, après avoir perdu la guerre du Moyen-Orient, de récupérer leur hégémonie sur le continent sud-américain.

Impossible d’y voir clair sur les évènements en cours au pays de l’or noir[efn_note]Le Venezuela est de loin le premier grand producteur de pétrole sur le continent américain, grand pourvoyeur des USA qui en seraient fort dépourvus si les autorités vénézuéliennes décidaient de fermer les robinets.[/efn_note] en se contentant de passer par nos « grands » médias en plein délire propagandiste pro occidental.

Une tentative de putsch militaire très approximative et rapidement mise en échec

Pourtant la situation sur le terrain apparaît comme assez claire. Petite chronologie des faits :

  • 20 mai 2018 : réélection de Maduro à la présidence du Venezuela avec 67,84% des voix ; l’élection est boycottée par une partie de l’opposition vénézuélienne, dénoncée par les chancelleries occidentales comme « illégitime », mais finalement peu contestée au niveau de la tenue du scrutin.
  • 4 janvier 2019 : réunion du groupe de Lima, coalition de pays anti-révolution bolivarienne, sous la houlette des USA ; décision est prise d’augmenter la pression diplomatique et de renforcer le blocus financier contre Caracas.
  • 10 janvier : le président Maduro prête serment pour son second mandat présidentiel.
  • 21 janvier : tentative très approximative de coup d’État militaire par un groupe de soldats ; l’opération échoue ; 27 putschistes sont arrêtés.
  • 23 janvier : le président (d’opposition) du Parlement, Juan Guaido se proclame « président en exercice » du Venezuela, immédiatement reconnu par le président US Trump, suivi par les pays latino-américains du groupe de Lima, et par quelques vassaux européens empressés (Macron  !) ; le président Maduro rompt immédiatement tout lien diplomatique avec les États-Unis et donne 72 heures à ses représentants pour quitter leur ambassade.
  • 24 janvier : 7 généraux de l’armée vénézuélienne, commandant des régions stratégiques du pays, assurent le président Maduro de leur « loyauté et subordination absolue ».

Les atouts des deux camps

En l’état actuel des choses, on peut dire que Nicolas Maduro garde toujours la maîtrise du pays et dispose d’atouts certains face à l’offensive américaine.  Washington n’est pourtant pas dépourvu de cartes non négligeables.

  • Les cartes des États-Unis : deux choix se présentent à Washington pour renverser une situation peu favorable :

– une intervention militaire directe des USA ;
– des interventions plus ou moins avouées de ses alliés, brésiliens notamment, ayant des frontières communes avec le Venezuela.

  • Les atouts de Nicolas Maduro : face au rouleau compresseur de l’oncle Sam – qui n’a pas toujours donné des gages de fiabilité : en témoignent les échecs des tentatives précédentes de déstabilisation contre Chavez (2002), mais aussi contre Cuba depuis la révolution castriste –, le président Maduro dispose de deux atouts déterminants à l’intérieur de son pays (sans compter le soutien extérieur très appuyé de la Russie, de la Chine et de la Turquie) :

– le soutien de son armée (cf. ci-dessus)
– le soutien de son peuple : les dernières élections régionales d’octobre 2017, remportées par le pouvoir, ont montré que l’opposition de droite ne dominait guère que 5 des 23 gouvernorats du pays.

Avantage Maduro

La conclusion de tout cela est qu’une intervention armée directe des États-Unis, ou indirecte via ses alliés, aura bien du mal à s’imposer sans bénéficier de conséquents soutiens à l’intérieur du pays assiégé. Ce n’est guère le cas aujourd’hui.

Les émeutes sporadiques de l’opposition – le pouvoir bolivarien n’en est pas à sa première ! – font certes les délices de la presse occidentale, mais restent confinées dans les quelques régions aux mains de l’opposition et n’ont jamais changé le cours des évènements politiques depuis l’arrivée de Hugo Chavez en 1999 (20 ans !).

Partout ailleurs, les manifestations de soutien populaire au régime restent impressionnantes, y compris ces derniers jours (date annoncée de la vidéo ci-dessous : mercredi 23 janvier – à vérifier toutefois).

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