Cuba : un processus démocratique qui vaut largement le nôtre

Vous pensiez qu’il n’y avait pas d’élections à Cuba ? Vous aviez tort. Le 11 mars 2018, tous les citoyens cubains éliront leurs délégués aux Assemblées provinciales du pouvoir populaire (APPP) qui éliront eux-mêmes leurs députés à l’Assemblée nationale du pouvoir populaire (ANPP).

Le processus électoral cubain est organisé par la Constitution cubaine ratifiée par référendum en 1976. En voici les grandes lignes expliquées par le site Cubadebate :

  • Élections des délégués provinciaux : tous les citoyens cubains âgés de 16 ans et plus, ainsi que tous les résidents dans le pays depuis au moins deux ans, élisent leurs délégués municipaux aux APPP pour une durée de cinq ans. Les citoyens candidats s’inscrivent sur les listes électorales. Les électeurs peuvent voter pour autant de candidats qu’ils le souhaitent en inscrivant un X à côté des noms des personnes qu’elles choisissent. Ceux qui veulent voter pour l’ensemble des candidats mettent un X dans le cercle qui apparaît dans l’en-tête du bulletin de vote. Au total, 15 000 délégués provinciaux sont élus au sein de 169 APPP.
  • Élections des députés : les citoyens élus comme délégués provinciaux éliront ensuite les députés à l’ANPP à proportion d’un pour 20 000 habitants d’une municipalité, plus un autre par tranche de 10 000 habitants supplémentaires. Au total, 605 députés siègeront à l’ANPP pour une durée de cinq ans.
  • Élections du Conseil d’État : les députés de l’ANPP élisent ensuite les 31 membres du Conseil d’État (ce sont eux, par exemple, qui conformément à la Constitution, ont élu le président Raul Castro en février 2008).

Autant de partis que de citoyens et des élus révocables payés au salaire qu’ils percevaient au moment de leur élection !

On le voit, ce qui distingue d’abord le processus électoral cubain du nôtre, c’est l’absence de système partidaire, vilipendé tout autant par Fidel Castro que par… le général De Gaulle. À Cuba, tout part de la base, sans filtre d’un « régime de partis » parasite, « d’agences, de radios et de journaux complices » (Charles de Gaulle).

« Ce que nous voulions éviter, c’est en premier lieu l’introduction de la politique politicienne, la corruption, la division et la fragmentation dans notre processus électoral. Certaines personnes à l’étranger disent qu’il n’y a pas de démocratie sans système multipartite. Dans notre pays, il y a un « système de millions de partis », parce que tout citoyen de ce pays d’âge légal – des millions de Cubains – peut proposer la nomination de tout citoyen du pays » (Fidel Castro).

À noter que le Parti communiste de Cuba, ce « parti unique » si décrié par les Occidentaux, n’intervient pas dans le choix des candidats aux diverses élections, mais joue le rôle d’un conseil constitutionnel garant de la constitution cubaine (et du socialisme).

D’autres détails savoureux distinguent la démocratie à la cubaine de la nôtre :

  • tous les députés sont révocables selon des termes prévus dans la Constitution ;
  • pendant la durée de leur mandat, les députés se voient garantir le salaire qu’ils percevaient au moment de leur élection et rien de plus !
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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.