((/public/scan.jpg|Scanner corporel|L|Scanner corporel))Scié ! Lundi 22 février au soir, sur l’écran plasma de ma télé, il y avait une fille les mains en l’air, le regard un peu traqué, dans une cage en verre avec des marques de pieds jaunes sur le sol pour indiquer l’endroit où elle devait se caler. J’assistais médusé aux premiers tests d’un scanner corporel à l’aéroport de Roissy sur les passagers à destination des États-Unis d’Amérique.
__« Au moins, on se sent sécurisés ! »__ Ils avaient beau nous dire que tout ça se ferait dans la plus discrète discrétion, dans le plus anonyme anonymat, n’ont pas pu s’empêcher de nous livrer les clichés en pâture : des silhouettes blafardes, nues, les fesses d’un triste cadavérique ! Terribles, ces images ! Et surtout pas sexy pour un rond. Allez savoir pourquoi, j’ai pensé à cet instant-là aux silhouettes décharnées dans la neige, qui descendaient des wagons plombés, dans des enceintes entourées de barbelés et de miradors. C’était ça, prévenaient les autres, ou les mains baladeuses des loufiats de service (scène de mains baladeuses, gantées de plastique bleu, sur un quelconque bas des reins touristique). Et il y en avait dans le troupeau qui se réjouissaient. »« Au moins, on se sent sécurisés ! » » ânonnait celui-là, au sourire béat, après être passé lui aussi, sans sourciller, au déshabillage électronique intégral. __Qu’est-ce qu’il a dû se marrer, Ben Laden__ Mais qu’avons-nous fait pour en arriver là ? Quelle malédiction nous frappe ? Ces gens, ces adultes sains de corps et d’esprit (en principe), s’humiliant dans cette pitoyable cérémonie d’effarés… Je bénis ce jour déjà ancien où j’ai décidé de me consacrer à un voyage à domicile, pas plus loin que sur mon trottoir, à l’abri de leur folie furieuse. Au moins, quand on y montre son cul, celui-là affiche quelques troublantes rougeurs qui témoignent de sa rutilante santé. Qu’est-ce qu’il a dû se marrer, Ben Laden, en voyant ce spectacle crépusculaire ! Tous déjà morts de trouille, pétrifiés, à poil, sans même qu’il ait à sacrifier le moindre de ses kamikazes.