
C’est à des petits riens que l’on reconnaît le basculement des évènements : à une tribune alarmée publiée par quelques représentants d’un vieux monde rassis, par exemple.
Ceux-là sont tous députés en Bretagne, LREM ou Modem (même s’ils évitent de s’en vanter dans leur pétition). À deux exceptions près, ils ont tous voté pour le projet controversé du CETA. Et aujourd’hui, ils s’alarment et constatent les dégâts : la réaction populaire est plus virulente qu’ils ne s’y attendaient. « Ils souhaitent le pire ! » s’exclament le chœur de ces hypocrites.
Oh bien sûr, ils emploient leurs mots. Leurs constats se fait en creux. Ils stigmatisent la publication de leurs noms, photos, adresses et téléphones professionnels [les noms, coordonnées professionnelles et votes des députés sont pourtant publics, ndlr], ils dénoncent les dégradations contre leurs permanences, crient à l’outrage fait à la démocratie, s’indignent de l’habitude à « l’intolérable« .
Sauf que l’habitude à « l’intolérable », en l’occurrence, c’est la reconnaissance d’un mouvement de révolte populaire bien ancré et en train de tourner vinaigre contre leur petit confort qu’ils croyaient préservé et dont ils s’aperçoivent qu’il est en train de voler en éclat.
Quand « l’intolérable » se retourne contre les voleurs de démocratie
SI seulement, ils avaient accepté le RIC (référendum d’initiative citoyenne) réclamé par les citoyens, ceux-ci auraient pu manifester “démocratiquement” leur éventuel mécontentement. Mais voilà, nos parlementaires ont participé au verrouillage des institutions démocratiques de leur pays, ont muselé tous les contrepouvoirs auxquels les citoyens avaient droits : les médias, la justice, la police aux ordres.
La perception de « l’intolérable » dépend du point de vue auquel on se place. Quand les institutions démocratiques d’un pays ne permettent plus aux citoyens de s’opposer à une situation perçue comme insupportable, c’est la rue qui s’y substitue. Et la rue ne prend généralement pas de gants.
Les cris d’orfraies de nos députés godillots ne servent plus à rien. Eux-mêmes reconnaissent par leur tribune que les ponts sont en train de se couper entre eux et le peuple, que « l’intolérable » est en train de s’installer et se retourner contre eux, les voleurs de démocratie.
Et encore, les émeutiers ne s’en prennent pour l’heure qu’aux façades de leurs permanences. Combien d »éborgnés, de mutilés, de noyés parmi les copains de nos signataires outragés ? Aucun. Pas encore….
=> Photo : la permanence de la députée LREM Carole Bureau-Lombard vandalisée par de jeunes agriculteurs le 29 juillet à Noyon (Oise).