Pourquoi je soutiens la grève des salariés de Rue89

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Ce billet ne paraitra pas sur Rue89. Les salariés de la rédaction de Rue… Rêve89 ont en effet décidé ce mardi 10/12/2013 de reconduire leur mouvement. Et je leur apporte tout mon soutien pour les raisons qui vont suivre.

1/ Des revendications légitimes et vitales

Les revendications formulées par les salariés grévistes me semblent tout à fait élémentaires, sinon même indispensables. Rappelons-les ici :

  • retrait des « changements du haut de la page » (URL, « header », « favicon »)
  • maintien des effectifs actuels ;
  • renouvellement de la confiance du groupe en Rue89 ;
  • réouverture de la clause de cession de janvier 2012 promettant la poursuite du développement (et non la cannibalisation) de Rue89.

Rien là qui soit de nature à écorcher un chat, ni à épouvanter les partenaires financiers d’un groupe ayant essuyé une perte lors du dernier exercice.

2/ Une réponse désolante de Claude Perdriel

Les grévistes de Rue89 ne pouvaient pourtant guère se satisfaire de la pauvre réponse donnée lundi par Claude Perdriel :

<< La réaction des journalistes de Rue89 est pour moi incompréhensible… >>

Doit-on préciser que c’est dans cet étonnant aveu que résulte tout le problème ? Sophie Caillat, représentante du personnel, reconnaît bien volontiers qu’il n’y a pas eu d’ingérence dans le contenu éditorial du site depuis sa reprise par le groupe Nouvel observateur… jusque-là !

Car comment ne pas appeler << changement de ligne éditoriale >> (S. Caillat) une intervention autoritaire et brutale du groupe, répondant (dixit C. Perdriel) à des injonctions d’un organisme tiers (Médiamétrie), sans même que la direction de Rue89 elle-même ait été réellement consultée (si l’on en croit les propos off — retirés du in — tenus par Pierre Haski au journaliste Renaud Revel, L’Express).

3/ Marquer son territoire pendant une incertaine période de mutation

La presse, comme le monde, traverse actuellement une grande et incertaine période de mutation : un vieux modèle à bout de souffle et un nouveau qui peine à émerger, avec entre les deux les aléas de toute transition chaotique.

Que vaudront les promesses verbales d’un Claude Perdriel face aux nouveaux partenaires qu’il dit lui-même rechercher ? Et qui risquent fort de se montrer beaucoup plus exigeants que Médiamétrie.

Marquer son territoire par une grève pendant cette période transitoire et obtenir des garanties concrètes n’est probablement pas suffisant pour s’assurer de l’avenir, mais est essentiel pour n’être pas sûr du contraire.

J’ajoute que prendre à un moment aussi délicat le risque d’un tel mouvement, à volonté essentiellement éthique, constitue à mes yeux une très notable manifestation de conscience professionnelle.

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