Ressortir L’Avenir en commun pour permettre une alternance politique anticipée

Le rapport des forces est en train de basculer en France, dixit Jacques Sapir. Le moment pour la France insoumise de ressortir son programme L’Avenir en commun pour précipiter une alternance politique anticipée.

Deux signes forts illustrent ce changement dans le rapport de force, selon Jacques Sapir :

  • le vote massif d’une majorité de salariés d’Air France contre une proposition de leur patron, contraignant celui-ci à démissionner ;
  • le succès de la manif « pot-au-feu », organisé le 5 mai à l’initiative du député insoumis François Ruffin ; succès avéré malgré le barrage des comptes de basse-cuisine idéologique dressé par les médias pour tenter d’étouffer le feu.

D’autres indications confirment cette tendance au retournement d’opinion :

  • la baisse indéniable de popularité du président Macron, y compris et même peut-être surtout chez les retraités qui ont largement contribué à le faire élire ;
  • le succès d’une cagnotte d’aide aux cheminots grévistes dépassant le seuil du million d’euros et démontrant l’échec de la stratégie des « usagers otages » abondamment déployée par le pouvoir et ses médias ;
  • le succès presque surprenant de la grève perlée menée par les syndicats de cheminots ; les mouvements étudiants persistants, mais aussi l’éclosion de divers grèves plus localisées dont la somme commence elle aussi à faire désordre.

Un projet politique fort pour contrer la violence institutionnelle et déligitimer le pouvoir en place

Ce moment de bascule décrit par Jacques Sapir est donc indéniable, mais pas encore décisif face aux institutions politiques françaises qui permettent à un groupe minoritaire (LREM actuellement) de contrôler un « État fort », quitte à recourir et à abuser des forces autoritaires qui garantissent sa pérennité (force policière, force judiciaire, force médiatique) ou à exploiter la violence dérisoire de petits groupes à la maturité politique de moineaux (les « black blocs »).

Il est parfaitement illusoire, écrit Jacques Sapir, d’attendre que la contestation sociale, fût-elle parvenue à cette fumeuse « convergence des luttes », vienne à bout de ce pouvoir crispée sur lui-même sans présenter auparavant une alternative politique crédible :

« On passerait alors de la crise sociale, qui dans l’État fort n’est pas mortelle pour les dirigeants, à la crise de régime qui entraînerait la paralysie rapide des principales institutions et qui libèrerait policiers et soldats de leur indispensable loyauté, non pas au pays mais à ses dirigeants. »

Comme nous l’avons souligné nous-mêmes sur ce blog à maintes reprises, la question de la violence finira inéluctablement par se poser, ne serait-ce que pour se défendre de la violence institutionnelle, seule arme dont dispose désormais un pouvoir discrédité pour se maintenir. Jacques Sapir :

« L’articulation d’une expression publique pacifique et d’une violence politique défensive est incontestablement un défi, il faut en avoir pleinement conscience, pour tout mouvement politique. »

Reste que « l’expression publique pacifique » a déjà le mérite d’exister sous forme d’un programme complet rédigé par la France insoumise sous le nom de L’Avenir en commun. Le ressortir sans tarder des cartons, le soumettre méthodiquement à une population de plus en plus alertée sinon convaincue, substituer son train de propositions politiques offensives à la litanie des protestations sociales forcément défensives, devient la priorité des priorités pour rendre possible ce mouvement de bascule politique tant désiré et permettre une alternance anticipée du pouvoir, sans attendre l’échéance aujourd’hui insupportable de 2022.

=> Lire aussi : Mouvement social, État fort et renversement du rapport des forces, par Jacques Sapir, Les Crises.

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