
Pendant que se déroule la pire campagne présidentielle de la 5ème République, il serait temps de rappeler l’importance des réseaux sociaux dans les périodes précédant les révolutions. À commencer par la plus célèbre d’entre elles : la Révolution française de 1789.
De l’importance des réseaux sociaux dans la Révolution de 1789
Je vous vois écarquiller les yeux, mais les réseaux sociaux n’ont pas attendu l’avènement d’Internet pour exister. Dans son ouvrage L’Esprit de révolte (1914), Pierre Kropotkine en distingue trois qui amenèrent le peuple français à prendre la Bastille et à raccourcir ses tyrans :
- Les brochures, pamphlets, libelles grâce auxquels les idées révolutionnaires se propageaient et dans lesquels les figures de la monarchie décadente se faisaient dézinguer sans façon et surtout sans pouvoir arrêter les flot d’injures et de quolibets.
- Les chansons qui se propageaient dans tous le pays pour bafouer les têtes couronnées sans que celles-ci n’y puissent mais – « Ah ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne… »
- Les “placards”, ces affichettes séditieuses et injurieuses qui pullulaient, aussitôt remplacées par d’autres quand la maréchaussée les arrachaient.
Les injures, les quolibets, les appels de moins en moins dissimulés à exécutions capitales détruisent lentement mais sûrement l’autorité des Princes. Les actes symboliques de destruction des idoles, comme pendre et écarteler des effigies en public, préparent l’opinion à les voir bientôt subir le même sort.
Un impératif révolutionnaire
Les autorités de l’époque n’attendirent pas les experts en communication d’aujourd’hui pour comprendre le danger de ce déluge subversif. Mais, tout comme les propriétaires des actuels réseaux Facebook ou Twitter, ils ne parvinrent pas à en tarir le flot. Les organes de propagande monarchique d’avant 1789 ne furent pas plus en mesure de contrer cette sédition populaire que les médias mainstream des oligarques contemporains, aussi puissants qu’ils apparaissent. Qu’on se rappelle aussi l’importance des réseaux sociaux dans le déclenchement des Printemps arabes.
Moqueries, quolibets et injures populaires contre les dirigeants ont de tout temps existé. Mais celles et ceux qui s’exprimaient contre le Général de Gaulle et ses successeurs jusqu’à Jacques Chirac gardaient malgré tout une certaine déférence à l’égard de leurs cibles. Plus rien de tel lors des quinquennats de Sarkozy, Hollande et maintenant Macron. La haine et le mépris se sont ajoutés à l’ironie et à la colère.
Tout révolutionnaire comprendra qu’abandonner les réseaux sociaux actuels au prétexte que ceux-ci censurent à tour de bras est contreproductif. Au contraire, le véritable acte révolutionnaire est de continuer à les submerger quelles que soient les tentatives des puissants pour les faire taire.