Réseaux sociaux : cette emmerdante litanie des pleurnicheries

Ok, les réseaux sociaux sont le seul endroit où l’on peut encore s’informer sérieux, où l’on peut partager des idées entre “amis” ou “followers”. Tous les matins, je parcours mes fils Facebook et Twitter comme je lisais jadis le journal quotidien ou écoutais le poste radio en prenant mon café.

Mais depuis quelques temps, quel ennui, quelle désespérance ! Et non, je ne parle pas de la tristesse des infos qu’on y découvre, mais de cette litanie des pleurnicheries, ce concert d’indignations à deux balles, ces averses de dénonciations inutiles qui s’y répandent.

D’accord, le pays a touché le fond. Mais va-t-on continuer longtemps à gratter la merde du fond, à faire la liste de ses scories, à égrener le fil de ses avis de décès en déplorant la disparition de nos illusions ? À croire que l’indignation sur les réseaux sociaux est devenue une posture, la colère une démonstration théâtrale, la dénonciation un blabla pour meubler le vide.

Les réseaux sociaux, ça devrait être utilisés pour dégager les prédateurs, pour tuer ce qui reste de leur enfer, pour revivre

Le pire, c’est que pour dénoncer la dépravation des médias de propagande que vous vouliez absolument fuir, on vous en étale des extraits jusqu’à l’écoeurement. Le pire du pire, c’est que les accusateurs engagent des conversations interminables, des joutes verbales vaines et chiantes à mourir avec des accusés qu’il conviendrait surtout de virer, de bloquer au plus vite.

Discuter avec des salauds, c’est reconnaître l’importance et le statut des salauds. Pétitionner pour obtenir la démission des cons, c’est laisser l’initiative aux cons. Persister dans les attitudes victimaires, c’est s’abandonner à la résignation en se donnant bonne conscience.

Au point de délabrement où en est notre société, au point de désespérance où nous sommes parvenus, on ne peut plus se permettre d’utiliser les réseaux sociaux pour composer avec les prédateurs, encore moins pour leur reconnaître le statut qu’ils ne devraient plus avoir ou l’intelligence maligne qu’ils n’ont pas, ni attendre d’eux des solutions qui ne dépendent plus que de nous. Les réseaux sociaux, ça devrait être utilisés pour dégager les prédateurs, pour tuer ce qui reste de leur enfer. Pour revivre.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.