Rentrée politique : avis de grisaille tristement persistante

En France, le dernier week-end d’août est l’occasion pour les différents acteurs politiques d’effectuer leur « rentrée ». Accablante à tous points de vue.

1. Macron en mode bravache pour faire oublier son naufrage personnel

Déjà, la première surprise, c’est de constater qu’un président grillé comme une vulgaire sardine sur le barbecue Benalla des affaires de l’été puisse encore s’exprimer dans un discours devant un parterre officiel et qu’il y ait encore des ambassadeurs qui fassent l’effort de venir l’écouter. Ensuite, toujours aussi grillé, mais cette fois dans l’opinion de ses concitoyens, Macron se contenta de faire le bravache devant son auditoire pour faire oublier le naufrage occidental en Syrie (le maintien de Bachar al-Assad au pouvoir serait « une erreur funeste ») et son humiliation face à Trump lors de son désastreux dernier périple à Washington (« l’Europe ne peut plus remettre sa sécurité aux seuls États-Unis »).

2. Philippe ou le tout pour le tout d’un gouvernement n’ayant plus rien à perdre

Perdu pour perdu, parfaitement conscient d’être mort et enterré politiquement lors des prochaines consultations électorales nationales, le premier ministre Édouard Philippe s’est résolu à la fuite en avant de la démolition sociale avec un budget 2019 guillotine pour tout ce qui reste des services publics et des maigres avantages demeurant aux retraités en particulier. En gros, je fais le sale boulot pour lequel j’ai été engagé par les commanditaires du régime et advienne que pourra. Seul maigre espoir, l’emporter en 2022 par défaut d’une partie de son électorat, comme l’a très finement fait remarqué l’éditorialiste Christophe Barbier : « D’ici 2022 beaucoup de retraités seront morts. »

3. Mélenchon ou le repli sur le bon vieux vote (in)utile

Lors de ses « Amfis » de Marseille, Jean-Luc Mélenchon a pris acte de la faillite de son impossible plan A/plan B pour motiver les citoyens lors des prochaines européennes et en appelle désormais à une « raclée démocratique » contre Macron en 2019, soit la resucée d’un vote (in)utile bien peu excitant, repoussant l’application du plan A/plan B après une éventuelle victoire à la présidentielle 2022. Son long discours de clôture, plus prompt à passionner un parterre de militants enflammés qu’à réveiller le « peuple » de sa torpeur, se distingua par la pauvreté des solutions proposées à court terme : prendre nous-mêmes nos services publics menacés en main parce ce que « ce pays est à nous », adopter un comportement écologique au jour le jour, le référendum européen anti-Macron, et c’est tout. Aucune remise en cause de la légitimité d’un président déchu, aucun appel à sa destitution, ni à une désobéissance civique immédiate ou à une insurrection populaire contre la décomposition du pouvoir.

4. Ailleurs, c’est circulez y a rien à voir

Rien à dire de la rentrée en scène des autres acteurs politiques, désormais bien secondaires, voire réduits à de la figuration :

  • en Haute-Loire, les Républicains de Wauquiez furent à l’image de leur leader : transparents ;
  • à La Rochelle, les quelques socialistes respirant encore ne purent que se compter sur les doigts de la main ;
  • à Angers, le PCF fut comme  son habitude totalement inexistant ;
  • le FN, pardon Rassemblement national, fut encore plus inexistant puisque privé de subventions pour l’affaire des assistants présumés fictifs de ses eurodéputés, il dut renoncer à organiser sa propre rentrée politique.

La conclusion de ce triste spectacle, c’est que le spectateur-citoyen encore un peu ardent n’a plus qu’à prendre son bâton de pèlerin et essayer de tracer son sillon tout seul, en attendant que la purée de pois politique se lève enfin sur ce pays en perdition.

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