Nouveau monde : remettre la fiscalité à sa place

Quiconque a écouté la dernière conférence de presse du président Hollande, cette litanie de lieux communs, de clichés éculés, de niais poncifs, comprendra l’urgence de continuer à bâtir les fondations du nouveau monde appelé à jaillir sur les ruines de celui représenté par ce falot personnage. Aujourd’hui, la fiscalité. Et de l’urgence de la remettre à sa vraie place.

Lors de la dernière campagne présidentielle, on a vu comment la fiscalité pouvait devenir une arme politique, du moins programmatique. La fiscalité était appelée à la rescousse pour, nous disait-on, rétablir la justice en matière de répartition des richesses.

La fiscalité devenait en quelque sorte une variable d’ajustement et de correction des injustices commises. On a même entendu certains exiger une taxation des revenus du capital (les dividendes) et des profits engendrés par la spéculation financière.

Sauf que le temps que la fisc réagisse, toujours à la bourre, la majeure partie du pognon est déjà partie en villégiature en Suisse, au Liechtenstein, au Luxembourg ou dans quelques îles aux noms impossibles.

Sauf qu’il est totalement illusoire et plutôt faux-cul de prétendre vouloir corriger des injustices que l’on a déjà complaisamment laissé commettre AVANT.

Sauf qu’il est curieux d’attendre des rentrées d’argent d’opérations qui n’auraient jamais dû être et qu’il convient d’interdire au plus vite (les dividendes obscènes et la spéculation financière éhontée sur les variations de prix).

Donnant-donnant pour les « classes supérieures »

Revenons au malheureux président Hollande :

<< J’ai conscience que je demande beaucoup aux catégories supérieures. >>

Les pauvres ! Passons sur cette appellation de << catégories supérieures >>, préférée à celle de « riches », et qui induit nécessairement des « catégories inférieures » (soit environ 80% de la population), n’en déplaise à ceux qui s’accrochent encore à leur qualificatif de « classe moyenne ».

Et examinons les choses sous une autre perspectives : oui, en période de crise grave, quand les caisses des États sont complètement vides, oui, il est toujours finalement demandé aux riches de payer (vous verrez qu’Obama lui-même, au bord de sa « falaise fiscale », s’y résoudra).

Mais pourquoi cette exceptionnelle contribution fiscale ? Pour remettre les comptes de l’État en état, pour payer les échéances de ses dettes.

Et à qui rembourse-t-on ces échéances ? Qui a prêté son trop-plein de fric à l’État ? Eh oui, cher lecteur, tu as compris, les riches sont mis à contribution pour se rembourser ce que l’État leur doit. Au mieux du donnant-donnant momentané, juste le temps que passe la crise.

Parions qu’après contribution, il reste aux « classes supérieures » plus d’un Smic pour passer le mois.

Le rôle de la fiscalité : financer le fonctionnement de l’État et lui seul

Réduire la fiscalité à un outil de régulation en matière de répartition des richesses est une perversion de sa fonction première : le financement collectif de l’administration de l’Etat et des services publics.

Un effort collectif partagé par tous, selon les moyens de chacun. Point. Voilà la fiscalité telle que devra la redessiner notre nouveau monde. Sauf à voir ses fondations viciées dès le départ.

La répartition des richesses, elle, s’effectue en amont, via une échelle des revenus régulée. Ou ne s’effectue point.

Mais terminons sur une note rigolote en laissant le mot de la fin à notre ubuesque président :

<< J’ai demandé au gouvernement de Jean-Marc Ayrault de mener à marche forcée le redressement de nos comptes publics. Nous devons être capables de faire mieux en dépensant moins. >>

[Ah oui, vous aussi, vous trouvez que c’est complètement creux et idiot ?]

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.