Tordre le cou à un mythe : bon et mauvais protectionnismes (6/6)

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Fin de notre tournée de dézinguage des mythes miteux, ou plutôt cette fois-ci, la réhabilitation d’un mythe décrié par les apôtres de la mondialisation : le protectionnisme.


Le protectionnisme, c’est comme le cholestérol : il y a le bon et il y a le mauvais. Le mauvais, c’est celui qui nous coupe du monde. Le bon, c’est celui qui nous protège des dérèglementations sauvages imposées par des malfaiteurs supranationaux.

La mondialisation dont on nous rebat les oreilles n’a jamais été que la prise de pouvoir des affaires du monde par le clan des plus forts.

Au point même d’avoir vu ses principes inscrits dans certaines constitutions serviles comme le traité européen de Lisbonne. Les pays du vieux continent placés sous la férule instituée des marchés, avec une Banque centrale européenne échappant à tout contrôle, quelle illustration de l’émancipation démocratique !

Aujourd’hui que leur rafiot prend la flotte, ceux-là tentent de diaboliser toutes les embarcations qui pourraient supplanter le leur et usent de leurs des termes-épouvantails habituels : protectionnisme, populisme, ringardisme…

Il n’y a jamais eu de G193

Il est vrai que la chienlit planétaire actuelle incite aux tentations de repliement sur soi, à ces pulsions régressives et répressives dont les extrêmes droites nationalistes de tous pays sont aujourd’hui les plus vibrants spadassins.

Mais assimiler toute tentative de relocalisation des activités humaines, en particulier le repositionnement des centres de décisions politiques ou économiques, avec du protectionnisme régressif relève, ou du formatage mental à la pensée unique, ou de la malveillance intéressée.

D’ailleurs qu’y a-t-il de plus protectionniste que ce système financier international avec sa batterie d’interdictions de lui interdire quoi que ce soit ?

De fait, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n’y eut jamais la moindre véritable décision communautaire internationale, y compris dans l’enceinte de l’Organisation des nations unies (ONU). Aucune des résolutions de celle-ci qui ne passa d’abord au tamis des quelques puissances disposant d’un droit de veto sur toutes les autres.

Et que dire aujourd’hui de la gestion des grandes crises mondiales par des G8, des G20, mais bien sûr jamais par un G193, c’est-à-dire par l’ensemble des États membres de l’ONU ?

Rétablir la souveraineté du peuple dans ses droits élémentaires

Il est clair aujourd’hui qu’aucune solution ne sera apportée à un niveau international par les dirigeants en place, ni même dans le moindre espace commun à des intérêts trop particuliers tel que l’UE.

Seule la relocalisation des centres de décisions politiques, mais aussi économiques, a quelque chance de parvenir, avec des élites nouvelles, à la reconstruction des tissus sociaux mis en charpie.

Plutôt que d’être de toute façon contraints par l’ampleur du chaos post-Grande crise, des mouvements volontaires et réfléchis de relocalisation des centres de décisions auraient bien plus de chance de résister aux tentations protectionnistes négatives dont le seul but, pathologique, est d’exclure de leur corps malade tout élément étranger.

Ce qui distingue le protectionnisme négatif du protectionnisme positif (ou social), c’est que le premier se coupe des autres, l’étranger, quand la seconde tente de s’en accommoder, au point d’essayer de les rejoindre pour un bout de route ensemble une fois la machine remise sur pied. Le seul but du protectionnisme positif est de rétablir la souveraineté du peuple dans ses droits élémentaires, sans attenter à ceux de ses voisins.


Série Tordre le cou à un mythe

  1. L’argent
  2. La dette
  3. Le travail
  4. La croissance
  5. La compétitivité
  6. Le protectionnisme
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