Le programme du Yéti : 6. Des relations internationales assainies

Avec la crise, deux baudruches sont en train de voler en éclats : d’abord, cette « mondialisation » arrogante qui n’était finalement qu’un vulgaire contournement, par des prédateurs financiers, de toutes les protections sociales laborieusement élaborées sur la planète par certains États. Ensuite, une Union européenne dénaturée, réduite aux agissements opaques d’une Commission européenne et d’une Banque centrale ouvertement dévouées aux intérêts des lobbies industriels et financiers, et échappant à tout contrôle réellement démocratique.

Lorsqu’une entreprise française ou européenne délocalise ses activités dans une contrée dite émergente, ce n’est évidemment pas pour écouler sa production ou ses services dans son nouveau pays d’accueil, mais juste pour s’affranchir des droits de protections sociales qu’elle devait acquitter dans son pays d’origine. Sa production, elle, c’est bien toujours sur le territoire nationale ou dans les autres pays riches du clan occidental qu’elle compte l’écouler. La population profite-t-elle réellement de ces flux typiquement néo-libéraux ? Au début, oui, du moins le croit-elle. C’est le fameux phénomène du prix bas, du discount. Mais l’effet est pervers. On mesure aujourd’hui à quel état de délabrement des conditions de travail, à quelle impasse économique et social, il peut aboutir. __Le respect du principe de « l’exception sociale »__ Une politique d’économie humainement raisonnée s’appliquera à réguler tous ces flux. Au départ comme au retour. Non dans un système globalisé, porte grande ouverte au totalitarisme d’une faction, comme on l’a vu avec la globalisation néolibérale du monde ; mais soigneusement localisé, à taille humaine en somme, et ouvert sur le monde. Au départ, n’importe quelle société sera libre de délocaliser son activité où bon lui semble. Mais il lui faudra rembourser les aides publiques dont elle aura bénéficié. Et verser un dédommagement pour les frais de formations du personnel qualifiée sans lequel elle n’aurait pu exister. Formations qui, rappelons-le, sont toujours globalement assurées par les pouvoirs public (Éducation nationale, par exemple). Enfin, si une société peut délocaliser ses statuts et sa production, il en ira autrement de ses locaux et des outils de production qui y sont installés. Le cas échéant, les pouvoirs publics auront charge de leur trouver nouveau repreneur par un appel d’offre. Les salariés « restructurés » auront priorité pour cette reprise, dès lors qu’ils présentent un projet cohérent. Au retour, je veux dire à celui, immanquable, des biens et des services produits par nos entreprises délocalisées, des droits de compensation sociale seront perçus qui correspondront approximativement à l’écart entre les droits sociaux en vigueur en France et ceux pratiqués dans leur nouveau pays d’accueil. Des droits identiques seront appliqués à l’importation des produits de pays tiers. Nous sommes d’accord pour établir de bonnes et fructueuses relations commerciales avec vous, mais vous comprendrez que nous ne pouvons pas mettre en péril notre originalité sociale, et que nous percevions par ces droits de compensation, le manque à gagner en matière de droits sociaux. Bien loin d’être un repli frileux sur soi-même, ce système de protection, s’il était généralisé, aurait de grandes chances d’inciter à une mondialisation sociale par le haut, et non à une désespérante désintégration par le bas. Pour exporter, un pays aurait le choix entre payer ces droits dits de compensation sociale au pays importateur ; ou les accorder en prestations sociales à sa propre population. Et que l’on nous épargne le couplet frelaté sur les libertés bafouées, le nationalisme étriqué et la ringardise rétrograde de nos idées sociales ! Le jour où les êtres humains bénéficieront de la même liberté de circulation que les capitaux et les outils de production, de la même protection que les comptes secrets de quelques voyous dans les paradis fiscaux, nous en reparlerons ! __Pour une Europe confédérale de pays souverains__ Dans sa [déclaration fondatrice|http://europa.eu/abc/symbols/9-may/decl_fr.htm] du 9 mai 1950, l’Europe se voulait  »« à l’opposé d’un cartel international tendant à la répartition et à l’exploitation des marchés nationaux par des pratiques restrictives et le maintien de profits élevés » » ; et visait à aider au  »« développement du continent africain » ». On mesure l’étendue du navrant chemin parcouru ! * Une Commission européenne toute-puissante qui n’a de cesse d’imposer les OGM d’un vulgaire Monsanto, et de démanteler tout service public au nom du droit à la concurrence.%%% * Un Parlement fantoche qui n’est là que pour épater la galerie des apparences démocratiques.%%% * Une totale absence d’unité politique.%%% * Un mépris souverain des avis des populations, quand on consent à le leur demander. Et qui, on peut le parier, renverraient à une écrasante majorité ce zinzin bien peu avenant au rebut. Il y a de très fortes probabilités d’ailleurs que l’Union européenne actuelle ne survive pas au naufrage économique en cours. Derrière l’apparence trompeuse des déclarations d’intentions unanimistes, les premiers craquements se sont faits entendre entre les anciens, qui n’ont bien sûr pas renoncé à leurs prérogatives, et les nouveaux venus comme la Tchéquie. Que construire alors à la place ? Car il serait évidemment bien dangereux de se replier frileusement sur les égoïsmes nationaux d’antan. Une Confédération Européenne d’États souverains serait établie. Les différentes [institutions|http://fr.wikipedia.org/wiki/Union_europ%C3%A9enne#Institutions] de cette Confédération donneraient des avis consultatifs. Une nouvelle institution serait greffée à celles aujourd’hui existantes : la commission de suivi économique et social. Cette commission proposerait une harmonisation non seulement des normes financières souhaitables pour les pays membres ou candidats à le devenir (taux d’endettement maximum par exemple), mais également en matière de protections sociales diverses. Ceci afin de permettre des échanges commerciaux inter-communautaires sans devoir passer par les droits de compensation sociale précédemment évoqués. Le Parlement européen, démocratiquement élu, statuerait à la majorité des deux tiers, sur les décisions des différentes institutions de cette toute nouvelle Confédération. Il voterait des suggestions. Il se prononcerait sur l’adhésion des nouveaux membres, mais aussi éventuellement sur l’exclusion de ceux qui, même s’ils gardent leur totale souveraineté, s’éloigneraient trop ostensiblement de la philosophie générale du projet. La Banque Centrale Européenne, placée elle aussi sous le contrôle du Parlement européen, aurait charge de fédérer les décisions des diverses banques centrales des pays membres, de gérer la monnaie unique, toujours en collaboration étroite avec les banques centrales nationales, de donner un avis consultatif sur les décisions financières de chacun des membres de la Confédération. Au final, la nouvelle entité Européenne émanerait bien des différentes souverainetés qui garderaient ainsi leurs spécificités. Je ne pense pas qu’il appartienne à la Commission européenne de décider de pasteuriser le camembert français ou d’utiliser du lait cru dans le leerdammer néerlandais. Toute remise en question des institutions, toute modification des traités fondateurs seraient soumises à référendum populaire dans chaque pays membre. Si besoin était, c’est par une telle consultation que nous commencerions pour remettre en cause l’ensemble des structures aujourd’hui dévoyées.  »(À suivre, petit état des lieux en guise de conclusion) » ///html

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.