
N’attendez pas de moi que j’approuve ou que je condamne l’intervention militaire russe en Ukraine. Ces évènements ressortent de la géopolitique qui n’a rien à voir avec la morale, mais avec des rapports de force entre puissances. La géopolitique relève d’abord du constat, plus que du jugement.
Une ”émotion” à géométrie variable
N’attendez pas de moi que je participe aux manifestations “d’émotion” que ces évènements suscitent un peu partout dans le monde occidental – on remarquera la réserve appuyée des pays du Moyen-Orient, d’Asie, d’Afrique.
J’ai mis des guillemets au mot “émotion” parce que celle-ci me paraît un peu trop à géométrie variable. Il semble que cette émotion – par ailleurs plutôt dérisoire et vaine – tient surtout d’un réflexe pavlovien de commande qui veut que nos bâtiments publics soient aujourd’hui illuminés aux couleurs de l’Ukraine, mais jamais aux couleurs de Gaza régulièrement bombardé par Israël, aux couleurs de l’Afghanistan et de l’Irak envahis par nos “amis” américains au nom de l’Otan à laquelle mon pays appartient, aux couleurs du Yémen écrasé par l’Arabie saoudite avec les armements que nous fournissons.
Pas en mon nom
Mais si je m’abstiens de porter un jugement de valeur sur les agissements de tels ou tels pays qui me sont étrangers – en tout cas pas sous le coup d’une “émotion” précipitée et à géométrie variable – je ne me prive pas de m’exprimer sur de tels agissements quand ceux-ci sont commis en mon nom.
Aujourd’hui, je me sens humilié par les réactions ineptes du président et du ministre des affaires étrangères de mon pays à propos des évènements en Ukraine. Tout comme je me suis senti humilié quand, en 2014, les pays de l’Otan (à laquelle mon pays appartient) ont mené ou laissé mener sous l’égide des États-Unis un véritable coup d’État en Ukraine, fournissant au nouveau gouvernement (parmi lequel quelques néo-nazis notoires), des armes et des instructeurs militaires, l’incitant même à adhérer à leur organisation, ce qui les aurait autorisés à disposer des rampes de missiles à portée de Moscou, laissant leur marionnette Porochenko interdire l’enseignement du russe dans un pays où le russe est la langue maternelle d’une grande majorité de la population.
Voilà, je n’en dis pas plus. Je laisse au Grand jeu le soin de vous fournir une analyse géopolitique de ces tragiques évènements.