Humour : quand les banques font des soldes de fin d’année

Faut que je raconte celle-ci ! Les plus fidèles lecteurs se rappellent peut-être ma décision unilatérale de suspendre le paiement de mes échéances de prêts bancaires pour des raisons de priorités personnelles. Les réactions de mes banques ont été, disons diverses, et comme nous allons le voir, parfois assez cocasses.

Ce qui m’a frappé, c’est la résignation presque palpable de mes interlocuteurs. Une tentative de négociation d’un report pour certains, moyennant quelques vagues garanties. Quelques faiblardes lettres de menace dont on sentait bien qu’elles émanaient plus d’une réaction informatique programmé que d’un service de contentieux zélé.

Et puis au bout du compte, de guerre lasse, via un brave huissier faisant office de société de recouvrement privé pour mettre un peu de beurre dans ses épinards judiciaires, vous recevez juste avant les fêtes ce genre de document promo haut en couleur :

solde_de_Noel.jpg

De la menace à l’imploration

Vous avez bien vu ? Des soldes ! << Dans le but de vous alléger considérablement et rapidement de vos dettes. >> Je peux même vous préciser de combien est la remise (j’ai illico téléphoné au zélé agent d’exécution) : 18 %. À condition de payer le solde (c’est le cas de le dire !) en une fois et impérativement avant le 31 décembre 2012.

Bref, en gros une « remise » pressante sur les frais bancaires et autres joyeusetés, dont les banquiers furent coutumiers du temps de leur toute-puissance, et révélatrice à bien des égards :

  • les banques, en phase de passer au stade implorant, ont un besoin urgentissime de faire rentrer les sous dans les caisses pour leurs bouclages comptables de fin d’année ;

  • la faible somme concernée dans le cas présent (inférieure à 5 000 euros) et l’explosion des démarches (confirmée par une amie huissière) entreprises depuis quelques semaines pour récupérer d’aussi modestes montants révèlent le degré de panique de nos officines en souffrance ;

  • la justice (tribunal d’instance), débordée et fauchée, ne suffit plus à arraisonner le troupeau des débiteurs récalcitrants.

Tous des Grecs !

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de mon petit fait divers rigolo.

  • Les banques ne sont plus en état d’imposer leurs conditions comme auparavant (sauf évidemment à nos serviles et empressés dirigeants politiques).

  • Le peuple des fauchés n’est plus véritablement en état de rembourser l’astronomique dette privée qu’on lui a fait contracter, comme en Grèce. Peut-être même bientôt plus en humeur de le faire.

  • Il suffirait d’un rien pour que le peuple des fauchés impose ses propres conditions à ses anciens maîtres financiers qui vont, vous aller voir, être de plus en plus « ouverts à la négociation ». Et aux soldes !

Eh oui, les lois du marché pourraient bien être en train de se retourner contre leurs anciens bénéficiaires. Pour peu que nous poussions un peu, nous voilà tous devenus des Grecs en instance d’effacement (partiel ou total) d’ardoises !

A propos de Pierrick Tillet 3377 Articles
Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.