Quand la « Grande perdition » serre le kiki à l’oncle Sam

La « Grande perdition » est un peu comme ces films grand spectacle diffusés jadis en Cinérama. Il se déroulait tant de choses en même temps sur le gigantesque écran qu’il fallait bien voir le film une douzaine de fois pour tout décrypter. Aujourd’hui, pendant que tout le monde a l’œil rivé sur les soubresauts européens, se joue en Amérique un nouveau suspens haletant…

Résumé de l’épisode précédent : lors du premier semestre 2011, Républicains (majoritaires) et Démocrates du Congrès US eurent un mal de chien à accoucher d’un compromis bâtard censé repousser le plafond d’endettement public autorisé. Celui-ci atteignait déjà les 14.294 milliards de dollars et menaçait l’impérial pays d’une infamante mise en défaut de paiement.

En fait de compromis, nos effarés repoussèrent la solution du problème à la fin de l’année 2011, le 23 novembre dernier délai pour être précis, en le confiant à une super commission chargée de compenser le relèvement du seuil de la dette américaine par un plan d’économie de 12.000 milliards de dollars sur dix ans.

Dur, dur de combler un découvert bancaire !

Le 23 novembre… ah oui, mais dis donc, c’est demain ! Évidemment, à cette heure, toujours pas plus de plan d’économie concerté que de solution à la dette américaine, qui dépasse désormais la bagatelle de 15.000 milliards de dollars, au grand effroi apoplectique des Républicains sablant leur tea-party quotidien en tremblant comme des dames de vertus outragées.

Problème : si le 23 novembre, aucune solution, aucun énième compromis merdoyeux n’est dégagé par nos fébriles super commissaires, des réductions de dépenses à hauteur de ces 1.200 milliards de dollars seront réparties AUTOMATIQUEMENT, c’est-à-dire sans autre possibilité d’amendement par les parties en bisbilles.

Où, ces économies « automatiques » ?

  • Moitié dans les dépenses de défense (après ça, ça va être un peu plus dur d’aller foutre sur la gueule à l’Iran, quoique…) ;

  • Moitié dans « le reste » (les salaires des fonctionnaires ? les retraites ? Le versement de la contribution fédérale à des États d’ores et déjà en état avancé d’hypothermie ?…)

Échec imminent

Aux dernières nouvelles, le blocage serait imminent, sinon consacré. Et les mouches médiatiques pourraient bien changer d’âne en jetant leur vorace dévolu sur les haillons de l’infortuné oncle Sam.

D’autant que ses fleurons bancaires comme Bank of America [rire] auraient eux aussi les pattes salement engluées dans les apocalyptiques dettes européennes. Plus film-catastrophe, tu meurs [rire, toujours].

Mais vous avez raison, ébrouons-nous un peu, ce péplum languissant commence à sérieusement sentir le réchauffé et tirer en longueur. Serait grand temps d’en voir un nouveau plus chiadé, d’accord avec vous.

(Ah non, pas celui-là ! Pas ce déplorable navet ! Pas Christian Clavier en Sarko énervé, ni Gérard Jugnot dans le rôle de « pédalo » Hollande. Encore moins cette vague présentatrice météo excitée de Canal Plus, invitée en guest-star par elle-même pour incarner Mrs Duflot.)

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