
Grâce soit rendue aux élus d’opposition de l’Assemblée nationale pour leur bataille homérique, à coups d’amendements d’abord, puis de motions de censure ensuite, contre l’inavouable projet de destruction des retraites.
Le Premier ministre et le président de la République ont sous-estimé notre capacité de résistance parlementaire et l’opposition du peuple français au projet de loi retraites. Le peuple sait qu’il s’agit d’une loi #BlackRock. #MotionDeCensure https://t.co/Uwvzuznn4N
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 3, 2020
Vous êtes persuadés de votre popularité ? Alors démissionnez M. Le Gendre, remettez votre mandat en jeu, M. Guérini ! Qu’il y en ait un qui relève le défi et je dis « Chiche, je vous suis ! ». Mais vous ne le ferez pas et vous savez pourquoi. Parce que vous prendrez une déculottée. pic.twitter.com/wf4W1IB6NU
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) March 3, 2020
Une bataille politique perdue d’avance, mais qu’il fallait mener
« Ils se sont bien battus », comme disent les supporters d’une équipe… après que celle-ci ait perdu. Le rapport des forces en présence fait que l’opposition ne pouvait pas gagner ces batailles, même avec les départs en cascade enregistrés au sein de la majorité. Cette nuit, les motions de censure de droite et de gauche ont été repoussées.
Bien sûr, la bataille va se poursuivre au Sénat, mais le projet reviendra au Parlement où il y a peu de chances que le rapport de forces ait évolué significativement. Bien sûr, il y a aussi pour le régime l’obstacle très aléatoire du Conseil constitutionnel. Mais le peuple peut-il remettre aujourd’hui son destin menacé entre les crains de quelques vieillards cacochymes blanchis sous le harnais ?
La bataille politique était perdue d’avance. Encore fallait-il la mener. Tous les coups portés contre un régime inique sont bons à donner. Car, on l’a dit, ce n’est pas le retrait de la réforme des retraites qui est le but politique en soi, c’est désormais la neutralisation des voyous détraqués qui occupent le pouvoir.
Stanislas Guérini parle dans le vide et sans le son et même Richard Ferrand est soulagé de lui avoir coupé le micro… Magique #DirectAN #Retraites #ReformeRetraites #LREM pic.twitter.com/R8sYXYIHmi
— Nils Wilcke (@paul_denton) March 3, 2020
Force doit rester au peuple quand la loi est insupportable… et le souverain qui les promulgue, plus insupportable encore
Le sort de cette guerre capitale va donc inexorablement revenir entre les mains des citoyens, c’est-à-dire redescendre dans la rue. L’échéance électorale de 2022 est bien trop lointaine. Le jeu électoral bien trop pipé par la classe dominante. Les révolutions ne se gagnent pas dans les urnes.
Sur ce point, j’aurais une réserve sur l’attitude des élus d’opposition, France insoumise comprise : leurs appels réitérés à des manifestations « pacifiques et non violentes, bien sûr ». Que les élus mènent leurs batailles politiques de façon pacifique, c’est dans leur rôle. Mais rien n’est moins sûr que la nature de la bataille qui va se poursuivre dans la rue.
Dans la rue, c’est le peuple qui décide du choix de ses armes. Il serait ici irresponsable et surtout illégitime de notre part – « la violence ne saurait être légitimée » (Albert Camus) – de lancer une quelconque incitation à la lutte armée. Mais le yetiblog ne relaiera non plus aucun appel à la non-violence lancé par quelques autorités que ce soit, ni ne condamnera les actes de violences qui pourraient être commis par le peuple en état de légitime défense. Force doit rester au peuple quand la loi est insupportable. Et le souverain qui les promulgue, plus insupportable encore.
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