Par delà les gamelles fracassantes qu’il subit en cette fin d’année 2009 (fiasco du débat sur l’identité nationale, affaire ratée des centrales nucléaires d’Abu Dhabi, retoquage de la taxe carbone par le Conseil Constitutionnel…), le pouvoir élyséen n’a plus guère à faire valoir dans son bilan économique que les effets « triomphaux » de la dispendieuse prime à la casse automobile.
Et ne s’en prive pas, avec l’aide des médias empressés : »« Année record pour le marché automobile » » ([Auto Plus|http://news.autoplus.fr/news/1402536/France-Estrosi-marche-auto-record-2009]), »« Auto : les ventes en France proches du record de 1990 » » ([Le Figaro|http://www.lefigaro.fr/societes/2009/12/28/04015-20091228ARTFIG00369-auto-les-ventes-en-france-proches-du-record-de-1990-.php]). NB : on remarquera que tous reprennent à la lettre et sans trop vérifier le communiqué de presse du ministre Estrosi sur l’opportune « année record ». __Douche froide pour l’industrie automobile et ses dérivées__ Las, une étude plus minutieuse de la réalité économique atténue singulièrement ces cris de victoire. Examinons les résultats, en termes de chiffres d’affaires, d’un des fleurons de notre industrie automobile, le [groupe Peugeot|http://www.daily-bourse.fr/resultats-PEUGEOT-chiffre-affaire-FR0000121501.php] : ((/public/CA_Peugeot.jpg|Evolution CA Peugeot|C|Evolution CA Peugeot)) Ça douche, n’est-ce pas ? -22,16% sur les neuf premiers mois de l’année (par rapport à la même période 2008) et encore -15,99% au troisième trimestre alors que la prime à la casse était censée battre son plein ! Et pas beaucoup mieux pour le rival [Renault|http://www.planeterenault.com/news-2803-Renault+Resultats+Financiers+sur+9+mois+%282009%29.html], à -19,9% sur les neuf premiers mois de l’année. La vérité évidemment est que les véhicules vendues grâce à la fameuse prime sont essentiellement des modèles de bas de gamme, donc moins chers et le plus souvent fabriqués dans les pays dits émergents ou de l’ancien bloc soviétique. Tous constructeurs confondus, on notera également l’effondrement du chiffre d’affaires des ventes de véhicules industriels neufs : -54% au troisième trimestre 2009 (après un pic à -58% au second ; source [CNPA|http://www.cnpa.fr/]). Ce qui illustre bien la santé « éclatante » de notre infrastructure industrielle dans son ensemble et de sa confiance en l’avenir ! Enfin, le marché du véhicule d’occasion ne se porte guère mieux, avec un léger redressement du nombre d’immatriculations au troisième trimestre par rapport au même trimestre de 2008, mais à un niveau bien inférieur à la situation d’avant crise (1,31 millions immatriculations nouvelles contre 1,42 au deuxième trimestre 2008, soit -7,74% ; source CNPA). Et malgré des prix en forte baisse. __Un reflet de l’état économique réel dissimulé par les effets d’annonce__ Le « succès » de la prime à la casse automobile est donc bel et bien l’arbrisseau qui cache la forêt dévastée. Il déplace le problème sans le traiter. Il tient plus de l’effet d’aubaine exceptionnel que de la mesure durable. Attendons que ce robinet, qui grève encore plus notre faramineuse dette publique, se tarisse, et nous mesurerons alors douloureusement l’étendue des dégâts. Étonnez-vous après que malgré ses « flamboyants » résultats, un groupe comme Peugeot envisage de supprimer 6000 postes en France dans les trois ans. Remarquons pour terminer que ce petit tour d’horizon sur la seule industrie automobile reflète en vérité le triste état réel de l’ensemble de l’économie française et de son évolution calamiteuse en 2009. À titre d’exemple, nous rappellerons qu’au troisième trimestre 2009, le chiffre d’affaire du commerce de détail, principal moteur de la fameuse « reprise », touchait un plus bas à -4% par rapport à la même période 2008 qui n’était déjà pourtant guère florissante (source Banque de France).