Pourquoi je ne voterai pas au second tour de la primaire socialiste

À la veille du premier tour de la primaire socialiste, j’ai indiqué que je voterai Montebourg. Ce n’était évidemment pas pour la « gueule d’ange » du candidat, mais pour son programme. Et parce qu’il remplissait trois points essentiels à mes yeux.

  • son projet se rapprochait le plus des cinq conditions que j’avais émises pour aller voter à la présidentielle 2012 ;
  • cela permettait de « gauchir » un peu un parti socialiste à la rose si pâlichonne qu’elle en était devenue transparente ;
  • on favorisait ainsi un rapprochement stratégique avec les autres composantes de la vraie gauche, celle du Front de gauche et, dans une moindre mesure aujourd’hui, celle d’Europe écologie/les Verts.

Une poussée de gauche manifeste

La première partie de la mission a été peu ou prou remplie :

  • Arnaud Montebourg fut la sensation incontestable de ce premier tour de primaire ;
  • ses sympathisants ont réussi à mettre ses propositions (de gauche) au centre du débat ;
  • moyennant quoi il n’est cependant pas qualifié pour le second tour.

Reste donc M. Hollande et Mme Aubry par ordre d’arrivée dans la course. En quoi l’un ou l’autre répond-il aux trois points évoqués ci-dessus ?

Entre slogans creux et propositions molles

Aucun des cinq points cités par François Hollande dans son tract-programme n’a le moindre rapport avec les miens. Idem dans les 46 « convictions » de Martine Aubry, sinon de molles propositions qui n’engagent que ceux qui les croient.

Les « justice sociale », « priorité à la jeunesse et à l’éducation », ou autre « croissance et emploi » de l’un y relèvent du sempiternel slogan creux, téléphoné et ringard.

Les louvoiements sur le nucléaire (dont il faut évidemment « sortir » , mais « il faut être raisonnable ») ou sur la « Régul. bancaire ». de la seconde sont des modèles d’inepties.

Une rupture consommée

Car rien de sérieux bien sûr, chez nos deux candidats, sur ce qui faisait principalement la qualité du programme d’A. Montebourg : la remise au pas des dérives de la finance mondialisée, la protection des spécificités sociales de notre pays.

Aujourd’hui, A. Montebourg peut toujours demander des engagements écrits aux deux finalistes pour leur apporter ou non son soutien. Nul ne peut manquer de relever la rupture qui s’est dessinée au sein même du Parti socialiste lors du premier tour de cette primaire riche en enseignements.

Le fait est que les propositions d’A. Montebourg sont aujourd’hui bien plus proches de celles de Jean-Luc Mélenchon et à des années-lumières de celles du couple Hollande/Aubry.

Vient un moment où les ruptures doivent être admises et consommées. Dont acte.

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DERNIÈRE MINUTE : Jean-Luc Mélenchon vient de griller le couple d’éléphants Aubry/Hollande en répondant à la lettre ouverte que leur a adressée Arnaud Montebourg. La campagne s’anime, hé hé hé !

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