Ouragan Harvey et réactions : chaos dans les cerveaux

Inondation Texas

L’ouragan Harvey a semé le chaos dans tout l’État du Texas. Mais semble-t-il aussi dans les cerveaux déjà bien dérangés des autorités et des médias américains.

On a souvent dit ici que l’intelligence humaine était tout juste bonne à nous faire réagir qu’UNE FOIS LES CATASTROPHES SURVENUES ! Mais que penser lorsque, même après la tragédie, notre folie nous conduit à nous comporter comme des andouilles ?

C’est peu dire que l’ouragan Harvey est une tragédie climatique majeure : le Texas ravagé, Houston noyé sous les eaux, des autorités dépassées et incapables de fournir encore le bilan des victimes, des dégâts considérables dans des raffineries aux conséquences écologiques et sanitaires potentiellement dramatiques pour la population…

Explosion dans un immeuble à Houston
Explosion dans un immeuble à Houston après le passage d’Harvey

Après les ouragans Katrina à la New-Orleans en 2005, Sandy sur New York en 2012 et maintenant en plein ouragan Harvey à Houston et alentours, on aurait pu penser que les intelligences se réveilleraient enfin et s’interrogeraient sur les vraies causes de cette catastrophe climatique. Eh bien, rien du tout !

Américanouillerie compassionnelle

Comment croyez-vous que réagissent les autorités et les médias américains à la catastrophe texane ? Comme à leur habitude. en faisant dans l’américanouillerie compassionnelle, en jouant sur la corde sensible des téléspectateurs avec l’inévitable héros anonyme arrachant à la mort un de ses congénères ou, comme dans un dessin animé de Walt Disney, se portant au secours d’animaux pris au piège. Quelques titres éloquents de médias locaux :

« Regardez : une journaliste d’une chaîne TV de Houston sauve la vie d’un chauffeur de camion » (Daily Beast)
« Un faucon saute dans un taxi pour échapper à l’ouragan Harvey » (UPI)
« Un chien transportant un sac de nourriture après l’ouragan Harvey devient un héros viral » (Houston Chronicle)

En bref, une anesthésie générale du cerveau pour excommunier le désarroi, une pluie d’anecdotes sans conséquences pour masquer le vide existentiel. Et quand ils ne s’occupent pas de héros anonymes ou d’animaux, les médias se focalisent sur les réactions de la jet set. Ainsi, Melania Trump partant à Houston en talons aiguilles et lunettes d’aviateur pour rencontrer les sinistrés, ce qui lui valut une salve nourrie de quolibets sur les réseaux sociaux.

Melania Trump en route pour Houston
Melania Trump en route pour Houston

Cette quête effrénée de sensationnel larmoyant et de détails aussi croustillants qu’obscènes en arrive même à indisposer les victimes et à les faire sortir de leurs gonds, comme cette femme interrogée par CNN, explosant de rage devant les questions imbéciles de la journaliste :

Extraits du dialogue (je vous passe les questions niaises de la journaliste) :

« Nous avons marché dans plus d’un mètre d’eau pour trouver de la nourriture le premier jour. Oui, c’est une sacrée merde !
Et vous, vous êtes assis là, vous essayez d’interroger les gens dans leurs pires moments – est-ce la chose la plus intelligente que vous ayez à faire ? Les gens sont dans la merde et vous, vous vous asseyez là avec des caméras et des microphones, en essayant de nous faire dire ce qui ne va pas pour nous !
Croyez-vous vraiment que vous allez comprendre ce qui m’arrive en me plantant votre micro dans la figure ? Je suis là à grelotter, mes enfants sont trempés, et vous, vous continuez à me planter votre micro dans la figure ! »

« Fuyez ! »

Essayez donc de trouver des traces d’un début de réflexion intelligente sur la catastrophe et ses causes. Vous n’en trouverez aucune ou presque. Comme le rapporte le webmagazine Reporterre, il y a bien de ci de là, quelques esprits éclairés qui tentent d’alerter sur la responsabilité humaine dans ces tragédies climatiques. Mais si un semblant de débat est ouvert, il reste désespérément marginal et timide.

On n’oubliera pas non plus qu’avant la catastrophe, la société pétrolière texane ExxonMobil dépensait des fortunes en communication pour nier, au mépris de tout ce que disaient ses propres notes internes, les conséquences des énergies fossiles sur les bouleversements climatiques. Pariez qu’une fois la tempête éloignée, les dirigeants d’ExxonMobil continueront leur propagande mensongère comme si de rien n’était.

Quant aux autorités sur place, leur seule pauvre réaction aura été de conseiller aux gens de se calfeutrer chez eux pour se protéger d’une fuite chimique déclenchée par la tornade ou de fuir au plus vite après la rupture d’une digue à Columbia Lakes.

Dégâts à Houston

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