Nantes, Vaujours : l’encourageant pétage de plomb des policiers

Depuis en gros l’affaire Geneviève Legay, du nom de cette femme de 73 ans renversée et blessée à Nice le 23 mars lors de l’acte 19 des Gilets jaunes, les forces de l’ordre révèlent un comportement de plus en plus erratique, passant d’une répression brutale mais ordonnée à des débordements de violences manifestement incontrôlés.

Steve Maia Caniço, 24 ans, porté disparu à Nantes après une charge policière le 22 juin.

Summum atteint le week-end dernier à Nantes lors de la fête de la musique où une meute déchaînée de policiers s’en est pris à des fêtards, précipitant 14 d’entre eux dans la Loire, sauvés par les pompiers, et probablement un quinzième porté depuis disparu.

Un deuxième acte symptomatique de cette perte de contrôle a eu lieu le même jour à Vaujours (93) lorsque un policier, excédé par les quolibets d’un groupe de jeunes, a planté un ciseau dans le cou d’un lycéen de 17 ans. Les propos rapportés des policiers au moment des faits en disent long sur les dérives comportementales de ces derniers  :

« Vous n’assumez pas vos paroles, bande de couilles molles, bande de pédales, vous n’êtes pas des hommes. »

Ne pas faire front à la bête immonde, mais la faire courir jusqu’à épuisement

On en finirait pas de donner les exemples de ces débordements policiers proprement pathologiques qui dénotent bien plus une décrépitude qu’un renforcement d’autorité. Ce délabrement tant moral que comportemental de ceux qui sont censés préserver l’ordre public ne doit cependant pas étonner. Il entre dans la logique des périodes pré-révolutionnaires en phase de conclusion.  La chute d’un régime combattu passe par la dissolution des remparts chargés de sa protection. C’est ce à quoi précisément nous assistons.

Si une répression policière brutale contrôlée peut engendrer la crainte, sinon la reddition des émeutiers, ces débordements manifestement incontrôlés des forces de l’ordre dégoûtent, révulsent en même temps qu’ils sont un signe évident d’une perte d’autorité. Plutôt que de réduire, ces égarements convulsifs exacerbent la révolte.

Hormis le cas tragique des victimes – mais quelle révolution peut se targuer d’en être épargnée ? – le pétage de plombs dans les rangs policiers du système combattu est plutôt chose encourageante pour les émeutiers. La stratégie pour y faire face tombe sous le sens : ne pas faire front à la bête immonde, mais la faire courir jusqu’à épuisement.

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