Le dépôt d’une motion de censure relève d’un spectacle démocratique sans conséquences

Tous les groupes d’opposition s’apprêtent donc à lancer une motion de censure contre le gouvernement à propos de l’affaire Benalla. Problème : comme les précédentes, cette motion de  censure n’a aucune chance d’être votée.

Dans le cadre de la 5e République, quatre motions de censure parvinrent à être déposées à l’Assemblée nationale. Une seule fut adoptée, la première, en 1962, alors que la toute nouvelle Constitution n’était pas encore complètement verrouillée, comme elle l’est aujourd’hui. Les autres furent, comme de bien attendu, logiquement repoussées.

Et les motions que préparent les Républicains, les Socialistes, la France insoumise et le Parti communiste français le seront tout autant, même si ceux-là s’accordaient par miracle à ne soutenir qu’un seul texte commun.

La réduction du mandat présidentiel à cinq ans en 2000 et surtout, la simultanéité des élections présidentielle, puis législatives, outre qu’elle entrainait de fait la fin des périodes dites de cohabitation, favorisait quasi automatiquement l’élection d’une majorité parlementaire confortable autour du nouveau président de la République.

Face à ce cadenassage hautement présidentialiste des institutions politiques françaises, tout ce qui restait des moyens d’expression d’une opposition forcément réduite, comme la déposition d’une motion de censure, relève juste du spectacle pseudo-démocratique sans conséquences.

Un appel à sécession mettrait le peuple français devant ses responsabilités

Face au verrouillage attendu de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Benalla par sa présidente LREM Yaël Braun-Pivet, les députés de l’opposition, tant Républicains qu’Insoumis et Communistes ont franchi un cap : celui de la sécession, en décidant de ne plus participer aux travaux d’une commission dénaturée selon eux.

C’est un premier pas, mais il est insuffisant. Passer d’une sortie de commission d’enquête frelatée à l’élaboration d’une motion de censure parfaitement perdue d’avance, c’est s’enferrer dans l’impuissance politique. Devant la dislocation accélérés des institutions de l’État, les représentants de l’opposition gagneraient à franchir un nouveau pas en constatant la carence fatale de ces institutions et en prononçant l’illégitimité du régime qui en a précipité la chute.

Puisque ce régime est le résultat de l’expression démocratique du peuple français, la seule démarche d’opposition qui vaille désormais est de mettre le peuple français devant ses responsabilités en l’appelant à faire sécession face à la déliquescence du pouvoir incarnée par Emmanuel Macron et sa bande.

Appeler à manifestation contre telle ou telle mesure spécifique de destruction par le gouvernement Philippe/Macron (statut des cheminot, sécurité sociale…) apparaît aujourd’hui dérisoire quand la seule manifestation qui s’impose est pour appeler d’abord à la destitution et au départ immédiat de son chef discrédité.

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