Monsieur le philosophe, la figure centrale de ta génération, c’est le salaud

Mon grand-père était républicain. Selon lui, la République, c’était des individus couleur muraille. La formule qu’il aimait répéter avait le mérite de la clarté et de la simplicité. « La religion, c’est dans le secret du confessionnal. La politique, c’est dans le secret de l’isoloir. »

Laïcité fondamentaliste

Pendant les campagnes électorales, les colleurs d’affiches savaient. Alors ils ne collaient pas à proximité de la ferme de mon grand-père : toute affiche aurait été arrachée instantanément. Y compris celle du candidat pour lequel il allait voter. Ça ne rigolait pas avec la république unificatrice qui doit refuser toute division. La division, tu as compris, c’est l’expression publique des convictions ou opinions personnelles.

Voici quelques années un gars m’apostrophe avec rudesse. Il m’a vu passer hier dans la manif du premier mai. Lui aussi, c’est un militant de cette laïcité fondamentaliste. Manifester une opinion en public est contraire à la laïcité. Et tu comprends qu’il refuse les processions sur la voie publique. Toutes les processions, dont la traditionnelle sortie des drapeaux rouges ou noirs du premier mai. Ça doit rester dans la sphère privée, ça divise les Français, gna gna gna, je connais ça depuis que j’ai l’âge d’écouter mon grand-père…

Et voilà que monseigneur Peña-Ruiz nous repasse une couche de laïcité intégriste. En y ajoutant son délire personnel. Eh merde ! Voici tout le passage de son sermon qui met le feu.

Ton bavardage lunaire, c’est de la merde

Bon, cureton-en-chef, on sait depuis longtemps que tu es le vicaire d’une laïcité fondamentaliste rigoriste à faire passer pour un joyeux luron le moine solitaire avec son cilice dans sa cellule glaciale. Mais là, tu pulvérises toutes les limites !

Tu es agrégé de philosophie. Tu n’as pas l’excuse de l’incompétence. Ton bavardage lunaire ésotérique pseudo-intelligent demi-habile, c’est de la merde. L’islamophobie, on n’en discute pas. On la combat. On combat le racisme. Comme on combat toute forme de rejet de l’autre quelle que soit l’altérité (couleur de peau, origines, langue, idées, sexe ou orientation sexuelle, etc.) On  a un mot savant pour désigner tout ça : hétérophobie, la haine de l’autre.

Tu charges les Musulmans et leurs frères ou cousins les “musulmans d’apparence” de l’ignoble fardeau dévolu aux Juifs durant des siècles. Les idées qui puent, les idées de l’extrême-droite, les idées du nazisme, voilà qu’on les diffuse un peu partout et qu’on les retrouve même chez les Insoumis. C’est dégueulasse. Et c’est d’autant plus dégueulasse que tu t’attaques aux bougnoules, c’est à dire aux plus pauvres, à ceux qui ont le moins de capacité de défense. Ceux à qui on reproche aussi langue, accent, habitudes alimentaires ou vestimentaires et coutumes familiales.

Tu es passé du côté des salauds.

La figure centrale de ta génération, c’est le salaud

Ta génération nous a donné une sacrée collection de salauds. Jeffrey Epstein, le pédophile collectionneur de fillettes. Harvey Weinstein, le harceleur, agresseur sexuel, violeur en série de jeunes femmes. Dominique Strauss-Khan, le voleur de la MNEF, harceleur sexuel, violeur, etc. Bernard Arnault, le brigand qui a réduit des dizaines de milliers des salariés au chômage et à la misère pour devenir multimilliardaire. Quand on lit le journal, avec ta génération, c’est un défilé de salauds qui ne finit jamais. La figure centrale de ta génération, c’est le salaud.

Dans la collection nous manquait-il un salaud par ses seules idées ? Non, on avait tes contemporains fachos. Peut-être qu’il nous manquait le vrai salaud déguisé en faux humaniste. Le rôle te convient à la perfection.

Monseigneur, on ne parle pas de laïcité et de curetaille. On parle de racisme et de ségrégation. On parle de bougnoules trop basanés au goût des salauds. On parle de pauvres trop bêtes au goût des demi-riches. Ta génération a merdé, beaucoup merdé, jusqu’à nous conduire au désastre écologique et social. Un truc qui manque à tes compétences, c’est l’humilité.

Compagnons des mauvais jours je vous souhaite une bonne nuit

Mes amis musulmans ou supposés musulmans, vous avez tout mon soutien et ma solidarité d’athée dans ces bien mauvais jours. Tout comme mes amis juifs allemands, croyants ou incroyants, auraient eu mon soutien dès janvier 1933. C’est un bien sale temps pour nous tous, frères humains.

Comment une organisation politique peut-elle consacrer autant de temps et d’énergie à des broutilles, des causes subsidiaires comme ces histoires de religion, qui ne concernent qu’une poignée de croyants, quand la situation sociale en est à ce stade de détresse ? Quand ça brûle comme en Amazonie ou en Sibérie ? Les politiciens ont-ils placé les religions au centre des débats parce qu’ils n’ont pas de solution sérieuse pour sortir du merdier où ils nous ont mis avec leur libéralisme sacré ?

Devant l’énorme tollé suscité par le sermon du révérend-père Peña-Ruiz le communiqué de la FI, qui se désolidarise de l’évêque, est hélas aussi hors-sol qu’à l’habitude. « La France insoumise est un mouvement farouchement républicain, laïque et antiraciste. » La laïcité et la république pour évacuer la lutte des classes… Lis le communiqué : La laïcité permet encore une fois de ne pas parler de la pauvreté ! Eh merde !


« On a le droit d’être islamophobe. » C’est bien sot de ne pas avoir cité « le droit d’être judéophobe ». Parce que, si les bougnoules dégustent depuis deux siècles, les youpins ont une expertise deux fois millénaire. Je te recommande vivement la lecture de Comprendre l’antisémitisme d’Agnès Maillard. C’est un boulot universitaire : tout y est bien organisé, bien argumenté, bien référencé. Et Agnès Maillard sépare, quand c’est vaguement possible, la judéophobie-haine d’une religion, de l’antisémitisme-haine de gens pas forcément croyants. L’islamophobie et les musulmans d’apparence…

Comprendre l’antisémitisme, en version papier ou en version numérique, c’est le petit ouvrage, pas trop long à lire mais complet, sans nœuds dans la tête mais pas simplet, que je te conseille chaudement pour comprendre l’islamophobie ambiante. Et pour voir où cette haine des bougnoules va nous conduire fissa.

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