Coup sur coup, deux fleurons de l’économie mondialisée, l’américain Molex et l’irlandais Ryanair, viennent d’ébranler un peu plus ce qui pouvait rester de protections sociales dans notre pays. Au mépris de leurs engagements et des lois de protection sociale du pays qui les accueillait.
Le premier, Molex Automotive SARL, a décidé d’interrompre le financement de son plan social, au prétexte que 189 salariés osaient encore contester les conditions de leur licenciement devant les prud’hommes de Toulouse. La filiale française a déclaré avoir mis la clé sous la porte et la maison-mère américaine a opposé une fin définitive de non-recevoir aux demandes d’explication du liquidateur.
Le second, Ryanair, compagnie aérienne low-cost, a annoncé la fermeture de sa base française de Marseille dès qu’il a appris sa mise en examen pour « travail dissimulé ». Exit les quelques 200 salariés de la base (« sous contrat de travail IRLANDAIS », a cru devoir appuyer la direction du « low-coaster »).
Règlements et engagements piétinés
Drôle d’inversion des rôles : autrefois c’était au salarié qu’on demandait de se soumettre ou de partir. Ce sont maintenant les entrepreneurs qui prennent la poudre d’escampette sans autres formalités.
Il serait intéressant de savoir ce que ces derniers ont perçu en aides diverses des collectivités locales, donc publiques, pour leur installation et leur fonctionnement sur le territoire français.
On notera aussi que jusqu’à présent, ces grandes entreprises s’efforçaient encore de sauver quelques apparences quand elles entreprenaient de contourner les règlements en vigueur. Voilà maintenant qu’elles les piétinent sans autre souci du quand dira-t-on.
Les protestations ambigües des pouvoirs publics
Maurice Allais, unique prix Nobel français d’économie, et dont les médias du microcosme n’ont redécouvert l’existence qu’à l’annonce de son décès, prônait le rétablissement d’un protectionnisme social « absolument nécessaire ».
« Ringard, rétrograde ! » hurlait en chœur les tenants du grand Marché libre, mondialisé et tout-puissant. Parmi lesquels, sauf erreur, un certain Estrosi, ministre de l’Industrie, et un dénommé Gaudin, maire de Marseille.
Voilà nos deux compères qui aujourd’hui pleurent des larmes de crocodiles indignées. Le ministre Estrosi « condamne avec la plus grande fermeté » l’attitude de Molex (on ne saurait faire mieux question minimum syndical ! ) Et le maire Gaudin « déplore » le départ de la base Ryanair… en stigmatisant le « comportement irresponsable » des syndicats !
La Grande Crise, c’est aussi ça : un retour déplorable à la loi de la jungle et à la sauvagerie. Sous l’œil impuissant, sinon complaisant, des représentants politiques institutionnels.