Mes secondes seventies : la volupté du vieillissement

Mes secondes seventies commencent aujourd’hui. Mes premières, c’était il y a cinquante ans. Elles furent lumineuses, euphoriques. Et j’ai bien l’intention que mes secondes le soient tout autant. Du moins tant qu’il me restera des forces.

Ne croyez pas que mon existence se limite au souvenir que j’ai de cette période lointaine. Mes premières seventies furent le détonateur dont j’allais profiter sans trop de mesure tout au long des décennies suivantes. Qu’importe les conditions politiques ou les situations sociales que je traversais. Vivre, ce n’est pas seulement changer la politique ou une situation sociale, c’est contourner les embûches et échapper aux désagréments de celles qui prédominent. Sur ce plan, je n’ai pas à me plaindre.

On me dit : oui, mais tout de même, le vieillissement… Croyez-moi ou non, je n’ai pas de problème avec cette idée de vieillissement, ni avec la question de la durée. J’éprouve même une certaine volupté physique et intellectuelle à sentir mon corps s’alourdir, une certaine sensualité dans la lutte intime que je mène avec mes muscles, un plaisir trouble à me sentir de plus en plus arrimé à la terre.

La dureté du chemin que j’arpente m’a toujours paru préférable aux souvenirs éthérés des sentiers passés. Mais ce n’est pas péché, avant de poursuivre ma route, que de me retourner un peu sur les années révolues pour un petit hommage à tous ceux – elles et ils se reconnaîtront – qui m’ont accompagné tout ce temps. Ou me supportent encore.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.