
D’ordinaire j’attends que la poussière soit retombée pour m’autoriser un commentaire, mais là non, c’est trop énorme.
La vaste opération de police menée contre la France insoumise, ses locaux, ses dirigeants et ses militants, semble concentrer à elle seule toutes les tares de la Ve république, les pires dérives du présidentialisme, et au fond révéler, une fois encore, les aspects les plus glauques du système dans lequel nous pataugeons gaiement.
À commencer par Macron himself, inénarrable chef de bande, qui après avoir mis la main sur le Parquet il y a quelques semaines à peine – sans parler de la rocambolesque barbouzerie benallienne (au fait, des nouvelles des armes et du coffre-fort disparus?) – vient nous jouer de la flûte sur le refrain de « l’indépendance de la justice ». Un numéro de music-hall certes ancien mais toujours aussi rigolo malgré le temps qui passe.
Toute aussi hilarante, la charge de cavalerie (très) lourde des éditorialistes et autres #CauseToujourNalistes, par ailleurs grassement salariés de milliardaires marchands de béton et de canons, qui n’évitent pas le ridicule de nous donner des leçons de morale démocratique et de modestie républicaine.
On ne va pas demander à un Apathie ou à un Barbier de faire preuve de talent ou de subtilité
Mais le problème avec le comique, c’est qu’à forcer le trait on en devient moins drôle, les ficelles se voyant de plus en plus, l’excès de caricature venant à son tour éclabousser de grotesque le caricaturiste. Cependant on ne va pas demander à un Apathie ou un Barbier de soudainement faire preuve de talent ou de subtilité. Autant espérer d’un éleveur texan qu’il se convertisse au véganisme.
Tragi-comique enfin, la cohorte des imbéciles qui se fourrent le doigt dans l’œil à trop le regarder plutôt que la lune, leur vision s’en trouvant logiquement encore moins aiguisée ensuite, si tant est qu’un jour elle le fut. Il est permis d’en douter.
Police politique et médias de propagande d’état, un régal. Quoi qu’il en soit, après l’éclat de rire, le bon moment à se gondoler et à se tenir les côtes, nous reste le sentiment urgent qu’il va falloir changer le décor, le scénario, le metteur en scène et le casting, et en finir une bonne fois avec ce mauvais théâtre. D’autant que pendant ce temps-là en Macronie, les sales affaires continuent.