Mélenchon, Filoche : ceux qui veulent changer l’UE de l’intérieur

25 mai 2014, élections du Parlement européen en France. Et déjà chacun de fourbir ses arguments. Attardons-nous sur ceux, assez proches, de Jean-Luc Mélenchon (PS repenti) et de Gérard Filoche (PS impénitent envers et contre tout). Tous deux entendent changer l’Union européenne (et l’euro) de l’intérieur.

Jean-Luc Mélenchon veut procéder à la hussarde. 

<< On va parler aux Allemands. On va leur parler du statut de la BCE. Parce que nous, nous sommes la deuxième puissance économique du continent. Nous ne sommes pas de ceux qui viennent le béret à la main demander à madame Merkel ce qu’on a le droit de faire >> (Des paroles et des actes, France 2, 25 avril).

Écoutez-nous ou on fait un malheur

Bon, c’est aussi un peu ce qu’il avait dit au PS entre les deux tours de la Présidentielle de 2012 : en gros, on vous soutient pour chasser Sarkozy, mais après, comme vous nous devez votre élection, vous nous écoutez ou on fait un malheur.

Moyennant quoi le gouvernement socialiste n’a rien écouté du tout. Et le Front de gauche, en guise de malheur, n’a eu que ses semelles pour défiler entre Bastille et Nation le 5 mai et ses pancartes indignées pour signifier un divorce contraint.

Gérard Filoche a préféré, lui, rester à l’intérieur de la forteresse solférinienne où il produit, entre coups de gueule et larmes de dépit, des motions vengeresses.

Ainsi, la dernière sur l’Europe, « Le sursaut, c’est urgent », où il est exigé pêle-mêle plus de social, plus de relance et d’emplois, plus de démocratie…

Moyennant quoi le PS ne présentera même pas la motion à l’approbation des militants socialistes. Et on imagine la tête hilare de nos technocrates européens, qualifiés à juste titre d’ << oligarques >> (donc tout sauf démocrates), en entendant les suppliques filochiennes à plus de démocratie << par et pour les citoyens >>.

Convaincre la mafia de se faire honnête

C’est qu’il y a une condition sine qua non pour pouvoir changer une organisation « de l’intérieur ». Que celle-ci défende au moins les mêmes objectifs et les mêmes intérêts que vous. À défaut des mêmes moyens pour y parvenir.

Passons sur les intérêts défendus par l’équipe de François Hollande, grand « adversaire de la finance internationale » devant l’éternel comme ses crédules électeurs ont pu le constater.

Voyons aussi comment la Commission européenne défend les intérêts des peuples. Face aux lobbies agro-alimentaires, par exemple. Ou, avec sa Troïka, contre les appétits insatiables des financiers. À ce régime, MM Mélenchon et Filoche, autant vouloir convaincre la mafia de se faire honnête !

Bref, le 25 mai 2014, je ne voterai que pour des listes (de gauche) déclarant sans ambages vouloir dynamiter ce véritable danger public qu’est devenue l’UE. Certainement pas dans l’espoir de l’amender de l’intérieur ou pour lui offrir un verni démocratique d’opérette.

Certainement pas non plus pour délivrer un quelconque message intérieur protestataire (stupide « vote utile »), ni pour me donner bonne conscience en envoyant des José Bové se ramollir grassement dans un parlement sans pouvoir.

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