Macron : une bataille de reconquête de l’opinion perdue d’avance

Depuis le début de l’été, après l’échec de l’opération Grand débat, le président Macron et son cercle rapproché ont fait donner l’artillerie lourde de la propagande médiatique pour tenter de reconquérir l’opinion. Les “grands médias”, les instituts de sondage, tous aux mains des commanditaires de l’occupant élyséen au point de n’être plus que de vulgaires officines de propagande, ne se sont pas fait prier pour mener l’offensive tambour battant.

Qu’importe le fiasco diplomatique de ce G7, qu’importe l’échec de la muraille policière à contrecarrer les manifestations de l’anti-G7, le compte-rendu médiatique du pince-fesse de Biarritz a été unanime : c’est une victoire incontestable du président de la République, omniprésent (… sur les médias !) et véritable maître d’œuvre de ce sommet des puissants [photo : titre du Monde daté du 26 août].

Certains de nos amis se sont laissés prendre à ce plan com bulldozer :

Bernard Langlois se focalise sur l’échéance politique de la présidentielle de 2022. Que Macron ou un de ses remplaçants puissent l’emporter n’a rien d’impossible tant l’alternative politique institutionnelle est à la ramasse. Mais le raisonnement de Bernard Langlois s’appuie sur un schéma qui avait cours du temps où il officiait comme journaliste, désormais totalement obsolète.

En temps de crise, l’opinion publique ne réagit pas à des campagnes de propagande, mais aux difficultés quotidiennes de ses conditions de vie

En temps de crise grave comme celle que nous traversons, l’opinion publique ne réagit pas à des campagnes de propagande politique, mais d’abord aux difficultés de ses conditions de vie quotidienne immédiate. Ce n’est pas le RIC ou l’obsession de la démocratie directe qui ont fait descendre les Gilets jaunes dans les rue et sur les ronds-points, mais des problèmes de découvert bancaire insoluble au 10 de chaque mois. Ce n’est qu’une fois réunis sur les ronds-points que les GJ ont cherché les solutions politiques pour les sortir de leur mouise quotidienne.

Ce qui va faire réagir l’opinion aujourd’hui, ce n’est pas de savoir si Macron a réussi son opération de com G7, s’il est « stable dans les sondages » (à 66% d’opinion négative quand même) ou s’il a une chance de gagner une présidentielle à horizon 2022 (dont le résultat ne changera d’ailleurs rien à la situation de crise). Monsieur tout-le-monde se fout d’apprendre que le taux de chômage officiel est en baisse quand lui-même ou son entourage sont frappés par une précarité grandissante. Non, ce qui fera bouger le “grand public”, ce sont les conséquences, dramatiques pour lui-même et ses proches, d’un triple effondrement :

  • un effondrement économique et financier (NB : l’Allemagne est déjà en récession, un crash financier est à nos portes) ;
  • un effondrement social : les riches aux manettes du capitalisme en déroute vont continuer à creuser des inégalités insupportables ;
  • un effondrement climatique et environnemental nous touchant directement : nos villes de plus en plus invivables, une pollution galopante, des accidents climatiques déstabilisants…

Après ça, Macron peut bien continuer à parader, Ruth Elkrief et Christophe Barbier à débiter leurs prêches enflammées à la gloire du gringalet, l’opposition à murir des programmes que personne ne lit hormis son cercle fermé de militants. À la rentrée, les services d’urgences des hôpitaux seront toujours insupportables, les étudiants continueront à se battre contre Parcours Sup, les citoyens à se battre pour boucler leur fins de mois… Aucune campagne de propagande, aucun Macron ne peut résister à l’effondrement en cours de feu civilisation capitaliste.

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