
En marge de leurs actes hebdomadaires, les Gilets jaunes développent une très pertinente réflexion sur la nature du pouvoir, ou plutôt sur le contrôle qu’ils entendent exercer sur celui-ci en tant que citoyens.
Les deux pistes de réflexion actuellement suivies par les Gilets jaunes me paraissent particulièrement intéressantes :
- la première est le fait de l’Assemblée des assemblées (ADA) qui vient de tenir sa 4ème session à Montpellier du 1er au 3 novembre dernier ;
- la seconde est menée par la Ligne jaune, plateforme Internet créée à l’initiative de François Boulo, porte-parole des Gilets jaunes de Rouen, et qui structure la réflexion par groupes localisés régions/départements.
J’avoue être assez bluffé par la qualité du travail accompli par ces deux groupes de réflexion que, pour ma part, je ne considère pas comme antagonistes, mais complémentaires (un petit salut amical en passant aux “activistes” de mon département, le Morbihan, tant à l’ADA qu’à la Ligne jaune).
Les deux groupes ont en effet compris que le pouvoir politique peut s’exercer à deux niveaux :
- soit en l’exerçant (les politiques) ;
- soit en contrôlant ceux qui l’exercent (les citoyens).
Le contrôle citoyen, un indispensable créneau d’action politique fort dépourvu
L’originalité – et la complémentarité – de l’ADA et de la Ligne jaune, vient de ce que ces deux groupes ont d’évidence choisi d’agir au second niveau, celui du contrôle citoyen. Revendication la plus emblématique de cette orientation (mais pas unique) : le RIC (référendum d’initiative citoyenne).
Car c’est bien là la problématique de l’engagement politique. Pas de problème pour disposer d’un personnel politique. Il y a pléthore. Allez donc aujourd’hui dans les municipalités et voyez les tambouilles à n’en plus finir pour la constitution des listes de postulants de 2020. Révolution ou non, Constitution béton ou non, le naturel revient vite au galop et vous comprendrez pourquoi l’exercice du pouvoir finit toujours par corrompre ceux qui l’exercent.
D’où la nécessité impérieuse d’occuper le créneau du contrôle citoyen, fort dépourvu celui-là – et l’on comprend pourquoi quand on voit l’obstination des “élus” de tout poil à s’en affranchir. On ne peut donc que louer les Gilets jaunes, ceux d’ADA ou de la Ligne jaune en particulier, d’investir ce terrain, hautement politique et hautement responsable, du contrôle de l’action de leurs représentants, et surtout de s’y tenir une année après leur soulèvement
=> Photo : une réunion citoyenne de l’ADA 4 à Montpellier.