L’étonnante capacité de résistance des services publics et de l’économie réelle (la vraie)

Pendant que le spectacle de l’effondrement du système capitaliste devient franchement dantesque avec les gadins retentissants de ses industries automobiles et aéronautiques, la fermeture en série des magasins de centre-ville appartenant à ses grandes chaînes de distribution (Comptoir des Cotonniers, Nocibé).

Pendant que les financiers fous font mumuse dans leurs bulles hors-sol définitivement échappées de la sphère stratosphérique qui constitue l’humaine réalité.

Pendant que les autorités politiques n’en finissent pas de donner l’extravagant spectacle d’une nef de dingues, de timbrés et de has been complètement déjantés (Véran, Castex, Attal…), qu’un présidenticule qui se crut un instant roitelet n’arrête pas d’essuyer déconvenues sur déconvenues, chassé par des gens, et même déboulonné par des instituts de sondages pourtant aux mains de ses amis milliardaires également propriétaires de tous les médias mainstream.

Pendant que la caste, assiégée en sa forteresse médiatique, tente de sauver ce qui ne peut plus être sauvé, en poussant des cris de gorets qu’on va finir par égorger, en tentant de pathétiques diversions avec d’énormes fakenews qui n’intéressent qu’eux seuls (Navalny, les Ouïghours…).

Pendant que les directions des réseaux sociaux (Facebook, Twitter) se tirent des balles dans le pied en supprimant des dizaines de comptes séditieux à dizaines de milliers d’abonnés (Marcel Aiphan, Trotta, ), sans d’ailleurs parvenir à enrayer l’hémorragie de la subversion (chasser les diables par la porte, ils reviennent par les fenêtres)…

La vie continue

Oui, pendant tout ce vertige d’un effondrement systémique prévisible de longue date, un constat s’impose : la vie continue.

Malmenés, mordus au mollet, vilipendés, menacés par les fous furieux décrits ci-avant, les services publics continuent peu ou prou de fonctionner :

  • c’est l’hôpital public et son valeureux personnel soignant qui a fait face à la pandémie, pas les cliniques privées ; les Pr Raoult, Péronne, les Dr Fouché, Wonner sont toujours vivants et bien vivants (les autres éructent dans le vide sur les plateaux-télé) ;
  • les services communaux et leurs sous-traitants (même privés ) continuent d’assurer leurs missions ;
  • les minima sociaux, les aides publiques, les allocations-chômage, les remboursements sécu, les retraites continuent d’être versées.

Non seulement l’économie réelle – la vraie, celle qui fait vivre les gens – ne faiblit pas, mais elle se révèle même parfois en surchauffe :

  • les marchés de quartier sont pris d’assaut, les files d’attente impressionnantes, les étals bien garnis même si certains frôlent la rupture : « le cul de mes poules ne suffit plus à fournir tous les oeufs qu’on me demande », m’a dit récemment la marchande d’oeufs du petit marché bio de mon bourg ;
  • plus de rayons vides dans les supermarchés, les queues aux caisses démentent le signe d’un pays profond qui dépérit ;
  • hier, les restos du coeur faisaient leur collecte à la sortie des caisses de mon « Contact » (n’osent même plus l’appeler Carrefour), le bénévole de service n’en revenait pas de la quantité de marchandises reçues ;
  • j’ai même vu des terrasses de café bondées (du moins les trottoirs devant les cafés), des artistes réagir :

Alors bien sûr, tout ça ne se fait pas sans accrocs, sans victimes collatérales, sans laissés-pour-compte meurtris, sans souffrances, sans humiliations difficiles à ravaler. Le deuil du monde d’avant n’est pas encore achevé. Mais la vie continue, s’adapte. Le travail de résilience se met petit à petit en train. Sur les ruines, il y a toujours des fleurs qui s’obstinent à pousser.

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.