
La France est très probablement entrée dans la phase ultime de sa seconde révolution historique. De nouveaux signes en attestent.
1. La population silencieuse bascule peu à peu du côté des émeutiers
Sans doute le signe le plus important. Nous l’avons souvent dit : les révolutions sont toujours lancées par des minorités et trouvent leur conclusion quand les majorités basculent en leur faveur. Selon les sondages, les Gilets jaunes bénéficient du soutien majoritaire de l’opinion depuis novembre 2018, de même que les grévistes depuis presque un mois d’arrêt de travail. Le fait nouveau est que ce soutien populaire commence à se manifester par des actes concrets :
- les médias mainstream se font souvent rembarrés par les “usagers pris en otage” qu’ils tentent d’interviewer ;
- la participation aux caisses de soutien des grévistes atteint des sommets inespérés ;
- on commence à voir des citoyens ordinaires sur les piquets de grève.
Du monde au dépôt #RATP Belliard #Paris18 ce matin : la #Greve continue jusqu’au #Retrait du projet de #reformesdesretraites #RetraiteParPoints avec le soutien de la population ! On ne lâche rien et on remplit les #CaisseDeGreve pic.twitter.com/rRvAgQLW5H
— Sarah Legrain (@slegrain75) January 2, 2020
2. Un pouvoir hors sol, pressé par les évènements, et réduit à des réactions aussi régressives qu’infantiles
Le discours de vœux prononcé par le président Macron le 31 décembre au soir résume à lui seul l’état de désarroi des autorités. Qu’un président de la République en soit arrivé à sortir des phrases aussi hallucinantes que :
« Face aux colères exprimées par les #GiletsJaunes, nous avons su instaurer un dialogue respectueux et républicain, sans précédent dans une démocratie »
Emmanuel #Macron lors de ses voeux aux Français.#GiletsJaunes #MacronDemission #greve2janvier #Acte60pic.twitter.com/11aYDKeW5o— Anonyme Citoyen (version non censuré) (@AnonymeCitoyen1) January 1, 2020
… ou pire encore, qu’en pleine grève sur la réforme des retraites, il se sente obligé d’accorder la légion d’honneur au patron de BlackRock, fonds de pension US par l’odeur du fric alléché, en dit long sur l’état régressif et infantile du personnage : un sale gamin démasqué pendant une connerie qui fait un doigt d’honneur en signe d’impuissance.
3. La radicalisation exacerbée des deux camps opposés
Rien de tel pour braquer un peu plus l’opinion contre lui et radicaliser à l’extrême le camp d’en face :
#RATP : enquête interne ouverte après qu’une conductrice de métro a été victime « d’intimidation » de la part de grévistes https://t.co/m8EaHn0XSN pic.twitter.com/iXxgxGjdU9
— LCI (@LCI) December 31, 2019
Une révolution est un acte de violence
Face à la multiplication de ces signes emblématiques, chacun sent bien que le dénouement de la crise approche… sans avoir encore de certitudes établies sur l’issue de cette véritable guerre civile : l’avènement d’une seconde révolution populaire française ou une contre-révolution néolibérale qui achèvera d’enterrer le modèle social français ? Mais quelle que soit le vainqueur, le vaincu prendra cher.
La nature même des signes décrits ci-dessus montre cependant que la balance penche de plus en plus nettement du côté des émeutiers. Dans ce cas-là, le régime déchu ferait bien de se rappeler le sort promis aux vaincus. Une révolution ne se fait pas dans la dentelle ou autour de petits fours. Une révolution est « un acte de violence » (Mao Zedong). Et c’est dans la sciure qu’échouèrent les têtes du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette lors de la première Révolution française.
Le discours creux de Macron a encore renforcé l’exaspération populaire. L’appel à la violence, à l’action directe en témoigne… https://t.co/Xqn3tjtHUe
— Bernard Langlois (@Panouille) January 1, 2020