Le programme du Yéti : 3. Les services publics ressuscités

Qu’est-ce qu’ils ne nous ont pas seriné ! Avec la privatisation et la mise en compétition des services publics, on allait voir ce qu’on allait voir ! Une efficacité boostée à mort, des prix serrés au collet, une “offre” à ne plus savoir où donner de la tête. Et de nous chanter les « modèles qui marchent », américains, anglais. On voit aujourd’hui le résultat : douloureux ! Ces gougnafiers nous ont tout détricoté ! Une Éducation nationale sonnée, un secteur de la santé et de la protection sociale en charpie, des trains dont la seule régularité est d’être en retard, une infrastructure de transports frappée de sénescence, un secteur des communications ubuesque…

Je ne voudrais pas aujourd’hui être un retraité ou un malade américain, un chômeur anglais. Oui, il est grand temps de donner un sacré coup de neuf à nos services publics. __Restaurer et moderniser les services publics essentiels__ Qu’est-ce qu’un service public ? Une activité économique qui n’est pas vouée à la rentabilité (quand elle ne lui est pas parfois carrément opposée), mais qui est indispensable pour garantir les services les plus élémentaires au public. Voilà pourquoi, tout comme les ressources énergétiques du territoire, ces services publics doivent relever du domaine de l’État et non de l’économie privée. Énumérons ces services : * l’éducation%%% * la recherche%%% * la santé%%% * les protections sociales (sécurité sociale, retraite…)%%% * les transports collectifs et les axes de circulation (routes, autoroutes, lignes de chemin de fer…)%%% * l’infrastructure de communication (service postal, lignes téléphoniques, antennes-relais télévision, radio, téléphonie) * gestion et distribution de l’eau, du gaz et de l’électricité. Une partie de ces services peut-elle être confiées à une gestion privée (médecine libérale, enseignement privé…) ? Pourquoi pas. Mais alors en complément plus qu’en concurrence de la partie publique. Et dans en cadre conventionnel strictement établi et respecté par tous. Ces services publics doivent également pouvoir bénéficier à tous les publics sans exception. Une planification territoriale s’impose pour éviter les désertifications régionales (déserts médicaux, transports collectifs, voies de communication…). __Les limites de l’entreprise d’État__ En ces temps de dérives inadmissibles du secteur privé et d’absence quasi-totale (sinon complice) de régulation publique, il peut être tentant de revendiquer l’extrême inverse : le tout-nationalisé. Le tout-nationalisé me paraît aussi dangereux que le tout-privé. En livrant entre les mêmes mains l’activité économique proprement dite et les instruments de régulation que devraient assurer les pouvoirs publics, on met irrémédiablement tous les œufs dans le même panier, avec tous les risques de monopolisation par un clan qui s’ensuivent. On l’a bien vu dans le cas de l’ex-empire soviétique. À la chute du mur de Berlin, les anciens chantres de la « dictature du prolétariat » s’accommodèrent sans problème de la dictature mafieuse de l’argent-roi néo-libéral. On retrouva exactement les mêmes prédateurs aux commandes. Même si l’on en mesure très vite les limites et les faiblesses, la stricte dichotomie entre les acteurs économiques privés et l’ordre de régulation publique me paraît, et de loin, préférable. Même si, comme dans bien des aventures humaines, il ne s’agit que d’un pis-aller. __L’État doit rester un arbitre, pas un joueur de champ__ En résumé, seuls les services dits publics me semblent devoir être confiés à l’État, d’abord parce qu’ils sont indispensables, ensuite parce qu’ils ne sauraient être compatibles avec la notion de rentabilité financière. Pour le reste, l’État est un arbitre (avec cartons jaunes et cartons rouges) ; pas un joueur de champ ; ni les deux à la fois. Toutefois, après avoir examiné, dans un [précédent article|/index.php?post/MORALISATION_DU_SYSTEME_FINANCIER], le cas du système bancaire où une partie publique côtoie le secteur privé, on verra dans le prochain volet celui particulier de certaines activités économiques partagées entre les deux domaines, privé et public. Relèvent de cette catégorie, l’information, les arts et la culture, mais aussi le secteur tout nouveau, souvent initié par l’Internet, de l’activité économique non marchande, c’est-à-dire échappant à l’intermédiaire argent comme moyen d’échange (logiciels libres, médias du web, sites et blogs à haute portée intellectuelle…)  »(À suivre, l’économie d’utilité publique) » ///html

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Un voyageur à domicile en quête d'une nouvelle civilisation.